mercredi 22 mars 2023

TECHNOLOGIE, Apriori, Différence

"Le pathos des « nouvelles technologies » risque toujours de bloquer la description du technologique comme tel sur un cas qui reste historiquement déterminé et théoriquement précaire. Il est nécessaire de posséder a priori le savoir du technologique... Nous savons a priori, d’un savoir qui est à sa manière lui aussi «technologique» mais qui n’en est pas moins pur pour cela, que le technologique est une interconnectivité généralisée et la possibilité de tous les « mixages » possibles. L’Apriori n’est pas plus opposé d’ailleurs qu’il n’est identique aux technologies supposées concrètes. La connexion ou la différence des « pièces » est l’Apriori de chacune de celles-ci telles qu’elles peuvent apparaître au sein des machines sous des formes alors identificatrices. On n’imagine pas que l’Apriori technologique est une tendance idéale et inaccessible. Une tendance, certainement : mais si « formelle » soit-elle, elle n’est pas vide et n’a pas à être approchée progressivement en ce sens-là. Plus exactement, plus subtilement peut-être, les « nouvelles technologies » ne sont pas plus et mieux technologiques que les précédentes, que les mécaniques par exemple, mais elles manifestent plus et mieux que le technologique a la nature d’un flux, et finalement aussi, d’ailleurs, celles d’une tendance malgré tout... Dégager un Apriori technologique est une tâche préliminaire mais fondamentale pour une dernière raison : son universalité, sa nature « différentiale » permettent d’opérer sans délai la critique des « philosophies de la technique » qui sont en général fondées sur le démembrement de cet Apriori, ou, c’est la même chose, sur sa confusion avec des états déterminés mais provisoires de la technique."

LARUELLE, 2020, NET