jeudi 1 octobre 2009

HOMME > Etranger

L’essence de l’homme est le Réel comme immanence radicale (Moi-en-Moi). L’identité indivise de l’homme prend racine dans cette expérience (de) soi immanente.

Un tel homme n’est plus partagé entre un Moi et un Autre, il n'a pas besoin de refouler celui-ci et d’intérioriser celui-là. D’abord réellement et seulement Moi-en-Moi, il existe aussi bien selon une structure où il ne cesse pas (d’être) soi mais comme un Etranger. On appelle premièrement Ego-en-Ego ce vécu immanent en tant qu’Un, et deuxièmement Sujet-Etranger cette forme transcendantale d’existence. Sous sa forme sujet, donc, l’Homme existe-Etranger.

Tout Un chacun est aussi bien un Etranger : ceci est la formule humainement adéquate de la démocratie, plutôt que l’ambiguë et trop consensuelle « nous sommes tous des étrangers ». C’est en tant qu’Etrangers que nous sommes égaux ; les Etrangers sont la clef de la démocratie.

C’est parce que l’Homme n’existe littéralement qu’à l’état d’Etranger et de Multiple que les Multitudes humaines forment d’emblée une communauté d’Etrangers. L’Ego se présente ou se reflète non spéculairement sous la forme d’une structure d’Humanité universelle, un espace abstrait illimité ouvert sur l’Etranger.

L’Ego n’est surtout pas la « représentation » de soi-même de l’Ego, il ne se détermine pas par son cogito. En revanche l’Etranger, dont la cause réelle est l’Ego, ne se distingue pas de la Théorie de l’Etranger. Le mode d’exister de l’Homme comme Etranger est le Sujet (de la) Théorie, soit phénoménalement une structure transcendantale d’Humanité (non-auto-positionnelle) et théoriquement un ensemble d’axiomes humains formulés à partir du matériau mixte de la philosophie et des sciences humaines.

1995

lundi 6 juillet 2009

GENERIQUE > Forçage

Le générique, force faible d'intervention sur les savoirs. Grâce au générique la philosophie peut recevoir des prédicats qui ne forcent pas sa nature car le générique est force-sans-forcer, force-de-transformation sans-transformation de soi…
Le forçage générique provient de cette force faible que peut l’idempotent : l’Homme se destine au monde comme Etranger, bord a priori qu’est l’Autre-que, de sorte que le tort minimal fait à la philosophie est d’intervenir auprès d'elle au nom du Futur-en-personne.
La démarche se fera toujours en deux temps. Un : dégager l’Homme de la représentation philosophique, lui proposer comme nouvelle posture l’a priori générique. Deux : introduire un sujet lui-même générique, forçant la représentation philo-épistémologique à se transformer.

2008

GENERIQUE > Mi-lieu

La "circulation philosophique" est un système à double duplicité : empirico-transcendantale et transcendantale-réelle. La philosophie constitue un cercle parfait (au-delà des touts particuliers qu'elle engendre, les systèmes) puisqu'elle tourne en (voire sur) elle-même.
Mais il existe une circulation générique des biens et des connaissances de type non-philosophique et non-marchande : une circulation non-circulaire, universellement locale et sans-rapport avec le marché.
Il faut concevoir le Mi-lieu non comme une division du lieu, mais plutôt comme l'identité du Mi-, plus déterminante que le lieu lui-même et synonyme d'unilatéralité.

L'unifacialité de la connaissance générique doit être décrite comme un "entre-deux-implié", un Mi-lieu soustrait d'un pli ou d'une dualité philosophique.
Le style « implié » de la science générique est celui d’un universel simple, un espace a priori adjacent au Vécu ne reformant pas une intériorité auto-dévorante. La philosophie est une amplification monstrueuse de l’expérience, la science générique sera une implification du capital philosophique.
Le générique rassemble le philosophique et le scientifique au Mi-lieu des extrêmes, dans le Sujet.

2008

CONNAISSANCE > Unifacialité

Premier moment : réduire le sur-Tout de l'Un-de-l'Un en indempotence de l'Un-en-Un.
Second moment : tenir le Vécu immanent pour une gnôsis non transcendante, un savoir qui ne se sait pas.
Il ne faut pas voir dans la connaissance générique un "reflet" du Réel (thèse matérialiste), mais plutôt un a priori lui-même vécu faisant bord, unilatéralement, pour le monde et la philosophie.
L'ordre de l'a priori ou du bord unifacial, en tant que connaissance, n'est pas moins immanent que l'Un-en-Un bien que celui-ci s'en distingue en tant que Réel.
Bien que les "philosophies de l'immanence" confondent celle-ci avec une intériorité ou un plissement, l'immanence réelle se définit comme ce qui est radicalement implié et impliable.
Une constante générique est donc un Tout unilatéral dé-duit de la philosophie et pour celle-ci mais déterminé de façon immanente par le seul Vécu. Le générique a pour effet sur le Tout de la philosophie de le marginaliser, de le réduire littéralement au bord de l'humain.

2008

GENERIQUE > Soustraction

L'a priori générique est soustrait-sans-soustraction, c'est-à-dire qu'il n'ajoute rien au réel pas plus qu'il n'augmente le savoir ; il se contente de transformer ce dernier comme vérité en-dernière-instance, ou vrai-sans-vérité. Le soustractif philosophique, lui, n'est qu'une procédure mixte s'ajoutant au Logos qu'il prétend transformer.

2008

GENERIQUE > Homme-en-personne

On distingue la validité générique et l'autorité philosophique. L'Homme-en-personne détermine une validité mais non une autorité ; le savoir comme pouvoir reste le fait de la philosophie.
"Générique" n'implique nullement un engendrement indéfini d'énoncés vrais à partir des axiomes : on pose, plus radicalement que Gödel, la non-suffisance de l'axiomatique, et l'impossibilité réellement humaine (plus seulement logique) de l'auto-fondation du savoir.
Un axiome générique n’est que l’expression de l’Homme-en-personne, lui-même axiome vécu et cause immanente du Sujet qui l’énonce.
La confusion traditionnelle de l'Homme-en-personne et du Sujet empêche l'émergence du générique et d'une véritable égalité des humains en-dernière-instance. Rappelons que l'Homme-en-personne et sans-Sujet n'est pas soluble dans l'Existence, sauf à exister justement comme Sujet-Etranger.

2008

GENERIQUE > Matérialité

Exemple d'un traitement symptomatologique générique : comme on sait la base matérielle de Marx est Force de Production, mais justement celle-ci n'est pas encore générique en tant qu'associée dialectiquement aux Rapports de Production. L'homme générique comme vécu idempotent n'est pas lié à, il représente cette nouvelle base productive idempotente que constituent ensemble les forces productives et les rapports de production. L'Homme générique, sous la forme d'un sujet, a soustrait sa matérialité propre au contenu mixte du symptôme (marxiste en l'occurrence).

2008

GENERIQUE > Universalité

Le premier caractère de l'être-générique est son étrangeté, sa capacité à recevoir une universalité autre que la sienne d'origine, la fonction ajoutée constituant un savoir générique étant précisément son usage unilatéral.
Il possède une fonction d'a priori qui lui permet de produire un Tout "simple" distinct du sur-Tout philosophique (le sur-Tout est l'autre nom du système totalisant/détotalisant de la philosophie et de l'épistémologie, leur volonté de puissance même).
Le générique est l'individu qui revendique l'universel dans la finitude, qui résiste aux sirènes de l'absolu et du sur-Tout. Ce n'est pas davantage l'individu des singularités extrêmes critiquant l'identité, mais une autre expérience de l'identité.

2008

GENERIQUE > Idempotence

L'addition idempotente est une fonction générique exemplaire. Pour l'élaboration du concept de générique, un premier axiome directeur est la constante du Réel-Homme, soit l'immanence comme propriété principale de l'addition idempotente. Le deuxième axiome redéfinit l'idempotence comme opérateur vécu, vécu sans-sujet. Le troisième axiome concerne l'articulation de l'idempotence sur un objet transcendant : articulation elle-même immanente donc unilatérale, transformant la cible en objet unifacial.
En résumé, le générique : 1) est individué sur le mode de l'Un-sans-Tout, 2) porte sur une sphère a priori universelle, la transcendance unilatéralisée, 3) procède en soustrayant un unique côté de la transcendance biface.

2008

GENERIQUE > Interdisciplinarité

Il ne s'agit pas seulement de clarifier le concept de généricité mais de créer les conditions de possibilité d'une science générique.
Une science générique se caractérise comme une force-d'intervention interdisciplinaire foncièrement étrangère (aux savoirs concernés) ; la force du générique est la force-d'insertion de l'Etranger, en tant que nouveau type d'universel, dans une communauté constituée.
L'intérêt d'une science générique serait d'intervenir auprès des disciplines complexes, comme l'épistémologie ou l'esthétique, elles-mêmes massivement investies par la philosophie
L'investissement du générique dans les sciences se fait sans forçage et surtout sans recherche de plus-value philosophique. Le générique se contente de mettre en place une double causalité, occasionnelle d'une part sur la base des symptômes philosophico-scientifiques existants, "humaine" d'autre part en fonction de la détermination en-dernière-instance du sujet scientifique.
Le générique vaut univoquement pour toutes les disciplines et toutes les philosophies, mais en préservant leur autonomie relative ; son apport n'est pas de fondation ou de fécondation, mais purement de service et, indirectement, de transformation. C'est avant tout une arme pour lutter contre les apparences transcendantales, constituées par les mélanges philosophico-scientifiques.
L'intervention générique, quoiqu'interdisciplinaire, n'est pas une traversée ou une diagonale archéo-épistémologique, elle reste unilatérale car elle s'effectue précisément sur le bord unilatéral (ni intérieur ni extérieur) de chaque discipline. Etrangeté vraiment radicale, l'unilatéralité ne doit pas non plus être confondue avec la marginalité complice.
Le concept d'interdisciplinarité est lui-même transformé par la présence de cet Etranger qui ne se plie pas et qui se tient simplement au mi-lieu. S'appliquant à une division quelconque dans l'ordre philosophique, une identité générique n'est pas une moyenne ou une "solution" mais un mi-lieu.

2008

GENERIQUE > Suffisance

Il est possible d'unifier à l'intérieur d'une pensée-science les deux sources principales du générique. La première source est l"homme générique" de Feuerbach qui conteste l'universalisme abstrait et tente même, sous des auspices encore trop religieuses, de se démarquer de La philosophie. La seconde source est d'ordre technico-scientifique : elle concerne d'une part un certain usage plus "modeste" des sciences, une circulation des savoirs dépourvue de toute volonté fondatrice, hégémonique ou réductrice ; d'autre part elle se rapporte à des produits comme on dit "dégriffés", ayant acquis une certaine "généralité" au détriment de la suffisance et de l'unicité de la "marque".
Le générique possède une vertu critique et désensorcelante à l'égard des objets, allant bien au-delà de ce que dénonce Marx sous le nom de "fétichisme". Le ressort de celui-ci n'est pas seulement idéaliste ou théologique mais plus globalement philosophique, dans la mesure où une philosophie quelle qu'elle soit ordonne structurellement les idées et les choses vers un Tout ou un Absolu, celui de leur/son auto-justification. Or le générique se présente comme la contestation radicale de cet ordre en ne reconnaissant le Tout que dans le genre et la spécificité.
Le projet est de transformer les deux sources-symptômes (philosophique et scientifique) du générique afin d'en révéler l'identité simplement humaine.

2008

jeudi 21 mai 2009

RECHERCHE > Science générique

La "recherche philosophique" puisera d'une part dans la recherche-monde son matériau et ses symptômes et d'autre part se constituera comme "science générique". Le but est de neutraliser la "suffisance épistémologique" qui asservit la science à la récupération philosophique comme à son exploitation capitaliste, le tout contribuant à l'aliénation des sujets-chercheurs.
Par définition, les sciences génériques renoncent (sans la détruire) à la suffisance épistémologique, cette surexploitation capitaliste et philosophique de la recherche.
L'objet de la science générique sera de construire les règles et les présupposés les plus généraux de toute recherche-monde, et plus généralement de poser les conditions d'un sujet générique de la science qui soit en-lutte contre la suffisance épistémologique.

La science générique n'est pas "donnée" a priori mais "cherchée", puisqu'elle fournit en même temps le concept de la "recherche". Elle est la recherche. C'est pourquoi le générique doit pouvoir se dire à propos des sciences et plus seulement de certaines connaissances. Puis on qualifiera de "générique" une pensée-science autonome, capable d'agencer les sciences avec les philosophies sans les limiter mutuellement, simplement sur la base d'un facteur additionnel = X.
De telles sciences génériques serviraient d'interfaces entre d'une part l'identité (elle-même non-philosophique) de la philosophie et d'autre part les savoirs disciplinaires (qu'ils soient philosophiques ou scientifiques) .
Contre le système à Un/Deux termes qui caractérise la philosophie et sa suffisance, la science générique va donner un contenu effectif à l'Unilatéralité ou Dualité unilatérale. Contre l'épistémologie philosophique et loin de toute philosophie positiviste, une science générique "paradigmatique" obligerait toute connaissance scientifique et toute thèse philosophique à se déterminer en fonction de la constante générique, humaine en-dernière-instance.

2008

RECHERCHE > Monde

Le devenir-monde est une forme d'économie générale sacrifiant l'identité et la dualité radicales au profit d'une fausse immanence qui est domination de l'autre obtenue à partir d'une division de soi (une partie étant incluse dans l'immanence, l'autre la constituant transcendantalement).
Dans son devenir-monde la recherche a fini par s'affranchir des idéaux de la science mais pas de l'idéologie ni des contraintes du marché : l'auto-évaluation se met systématiquement au service de la production d'une plus-value de connaissance, de nature capitaliste et plus profondément philosophique.
Le devenir-capitalisme du monde s'accompagne d'un devenir-philosophie du monde, deux formes de mondialisation intimement liées. Certes la pulsion philosophique au devenir-monde est souvent niée par la philosophie elle-même…
La recherche n’est plus déterminée librement par le chercheur comme personne, c’est le chercheur comme « technicien » qui est déterminé par la recherche. Mais si le technicien-chercheur n’est plus un « savant » au sens classiquement philosophique du terme, il évolue encore dans un monde largement philosophique dont il partage les valeurs libérales.
De fait, à l'heure de la philosophie faite-monde, l'économie mondialisée de la recherche entraîne un nouveau mode d'être du chercheur sous le signe du harcèlement. Les chercheurs sont assujettis au contrôle libéral-capitaliste de la science, ce qui veut dire que la recherche-monde est une activité concurrentielle concourrant à la guerre globale.
La recherche d'entreprise devenue paradigme génère de nouvelles entités disciplinaires, de nouvelles mobilités et des finalités multiples, toujours provisoires. De son côté la recherche fondamentale perdure mais, n’ayant plus de paradigmes, avance en ordre dispersé : telle est la loi de la recherche-monde.
L'émergence des « sciences génériques » et de l’interdisciplinarité est un autre symptôme de la mondialisation de la recherche.

2008

RECHERCHE > Philosophie

Il est possible d'étudier les rapports généraux des sciences avec la philosophie du seul point de vue de la "recherche". Une authentique "recherche philosophique" tiendra de la science son aspect recherche et de la philosophie son domaine d'objets. Il ne s'agira donc pas d'une nouvelle "philosophie des sciences" mais plutôt d'une nouvelle science de la philosophie, ou plus rigoureusement d'une recherche philosophique effectuée dans l'esprit de la science.
En même temps elle devra se démarquer de la "recherche monde" qui correspond à la mondialisation capitaliste de la recherche à structure philosophique, et l'analyser comme un simple symptôme pour passer de la recherche questionnante (sous la coupe philosophique) à une recherche solutionnante

La séparation entre recherche "fondamentale" et recherche "appliquée" accompagnait jadis la grande distinction philosophique du général (métaphysique, spéculatif) et du singulier (empirique). Elle doit être reconsidérée, de même que toute topologie ou archéologie générale des sciences, mais le simple commerce post-moderne des savoirs ne résout rien. L'épistémologie doit être puissamment transformée dans un sens générique, et la connaissance doit être rapportée à la recherche plutôt que l'inverse – telle sera l'orientation d'une pensée-science ou d'une épistémologie générique.

2008

mardi 24 février 2009

VIE > Immanence

Comme universel philosophique, "La-vie" ne peut exprimer autre chose qu'une forme de subjectivité mondaine, donc une fausse immanence.
Le christianisme a opposé une vie mondaine et une vie céleste, propre à l'homme sauvé, mais cette dernière immanence reste prise dans la forme transcendante d'une extase ou d'une attente.
La gnose historique préserve plus radicalement la vie dans l'immanence du savoir (plutôt que de la foi), mais en projetant extérieurement l'attente (de l'autre vie) dans la transcendance chrétienne, elle en conserve la mythologie.
Enfin le non-christianisme réduit tout élément de transcendance et ne garde de la vie que l"être-en-vie" ou le "vivant", ou encore le "Vécu-sans-vie" sans consistance ontologique (immanence réelle et non transcendantale). La Vie est ce déterminé hors-monde qui cause le sujet-Christ transcendantal vivant-pour-le-Monde.

2002

VICTIME > Sacrifice

En religion, comme ailleurs, on ne sacrifie jamais que des innocents (la raison suffisante du sacrifice, c'est la religion elle-même, son acte auto-fondationnel) : l'innocence d'être-humain condamne depuis toujours l'hérétique.
Le concept de "victime sacrificielle" est un pléonasme qui n'explique rien ; au lieu du sacrifice "originel" et de son cercle infernal, nous posons l'Homme-en-Homme (a-social, a-religieux, etc.) comme victime-en-dernière-identité.

2004

VICTIME > Justice

Une victime n'a pas seulement "droit" à la justice, elle est la justice en-personne, plus exactement sa condition nécessaire mais non suffisante (elle ne participe pas à la justification du crime qui la rendrait co-responsable). Autrement dit le droit de la victime n'est pas absolu mais radical, c'est-à-dire 1) insuffisant pour fixer concrètement les condition mondaines de la réparation, mais 2) nécessaire comme "point de vue" déterminant unilatéralement le traitement juridique du crime, de l'enquête et de la peine.
La victime est plus qu'impensable philosophiquement, mais la non-pensée de la victime conditionne une pensée selon-la-victime. La victime ne demande pas justice, mais ce silence ni stratégique ni accusateur est la condition d'une justice selon-elle. Ce silence ne renouvèle pas seulement le langage d'une éthique du sujet selon l'Autre (cas des juifs), mais les termes d'une mystique selon l'Homme.
Le non-révisionnisme part du principe que les malheurs ne se mesurent pas et ne se comparent pas les uns aux autres, car il ne considère que leur identité. La Shoah comme la persécution des hérétiques sont des Ultimatum lancés à la philosophie pour qu'elle taise ses guerres intestines et qu'elle cesse de justifier le crime. Evidemment cet Ultimatum n'espère pas être "entendu", son effet est rigoureusement immanent.
La justice ne peut pas être "rendue" aux Hommes puisque eux seuls peuvent la donner (et dans un second temps, éventuellement, programmer sa reddition).
Pour juger les crimes commis contre l'humain, le juste ne sera pas investi juridiquement (selon des critères toujours discutables), ou philosophiquement par une transcendance en-soi de la Justice (Platon), ou par l'appel à une transcendance "très-Hautre" (Levinas), il ne peut être justifié (-sans justification) qu'en tant qu'Homme-en-personne (seulement comme condition nécessaire) ou en tant que sujet-Christ (par son action sur la philosophie).
L'Homme-en-personne est le Juste-dernier qui clone un justifié-premier (le sujet-Christ comme opérateur de justice), non en créant ex-nihilo la justice mais à partir des moyens de la justice mondaine. 

2004

VICTIME > Histoire

L'hérésie est moins un mode de pensée disparu qu'un "pensé" en-passé valable universellement pour tout homme (hérétique, juif, etc.), un réel anhistorique valant comme condition universelle négative de l'histoire. L'être-humain-en-personne ne peut être honoré que par une dette radicale, précédant de toujours la mémoire "due" aux persécutés.
La victime met en cause le savoir supposé objectif de l'historien et, au-delà, la commune définition de l'homme comme sujet historique. Elle détermine l'existence d'un sujet-Futur pour-le-Monde et non dans le Monde historique.

L'anti-historicisme théorique n'a évidement rien à voir avec le post-historicisme révisionniste, lequel n'est jamais qu'un symptôme du tout-historique moderne. Il faut aller plus loin et considérer l'histoire comme le symptôme de la science transcendantale des humains, et identifier le révisionnisme avec le Principe d'Histoire Suffisante qui veut attribuer à tout malheur humain une raison historique suffisante.
L'Eglise cherche à ramener les hérétiques au rang de schismatiques, postulant leur rupture avec une unité première (la sienne). De la même manière certains historiens assimilent les génocides à des réflexes défensifs de la part d'Etats se sentant menacés dans leur unité, mais ce lien supposé entre criminels et victimes doit être lui-même décalé et assimilé globalement au système-génocide, véritable symptôme de la forclusion de l'Homme-en-personne.
L'hérésie nous fait refuser la loi philosophique du ressentiment qui est celle de la conscience légitimante par laquelle le criminel possède une seconde fois sa victime, la faisant participer à la faute et à son effacement.

2004

VICTIME > Devoir de mémoire

L'oubli ne saurait expliquer à lui seul le déni de justice dont souffrent les hérétiques, et à l'inverse exiger un devoir de mémoire ou se complaire dans la compassion les réduirait à un objet de la mémoire, qui les réhabiliterait autant que leurs bourreaux. Il ne suffit pas de rappeler ce qu'on leur a fait, il faut se souvenir de ce qu'ils furent.
C'est en tant qu'Hommes que les hérétiques furent victimes, et non en tant qu'hérétiques que certains hommes furent persécutés. La justice demeure la meilleure auto-défense des criminels lorsqu'elle fait mine d'oublier l'Homme et son vécu insolvable par le seul jugement et la mémoire des actes commis.
Les concepts attachés à la Shoah et à sa mémoire servent aussi comme termes premiers dans une axiomatique hérétique, d'abord parce que la Shoah, crime bien réel, fonctionne comme symptôme des insuffisances de la mémoire.
La philosophie en général donne la primauté comme la priorité à la mémoire sur le passé, faisant indûment de celui-ci un objet de celle-là. La philosophie est révisionniste par idéalisme, la représentation du crime dans la mémoire prolongeant la victimisation et entérinant l'oubli de la victime.
Le devoir de mémoire lui-même a été révisé "chrétiennement" en une quête herméneutique ou une obsession historique réduisant les victimes à leur témoignage. En tant qu'historiciste, l'idéologie victimaire verse elle-même dans une forme de révisionnisme, voire de négationnisme à l'égard du passé radical.
Seule l'hérésie donne à penser l'histoire selon le crime (et non l'inverse), un crime im-mémorial dont le savoir indocte détermine de nouvelles formes de mémoire ou d'oubli.

2004

VICTIME > Crime

La Loi mortifère du Monde ou l'Obéissance à une transcendance de type religieuse n'atteint pas la généralité de la spécularité suffisante propre à la philosophie : ainsi divergent, dans leur contestation de la maîtrise, la gnose non-religieuse et la non-philosophie.
Les êtres humains sont victimisables à proportion qu'ils sont philosophables - et la victimisabilité est à la victimisation ce que la philosophabilité est à la philosophie.
La croyance au Tout-crime ou au crime-Monde relève elle-même de la pensée-Monde, elle occulte (en plaçant le crime à sa place) la teneur en humanéité réelle de la victime individuelle, son identité humaine radicale. La victime vient s'identifier au crime et entre dans un cercle infernal avec son persécuteur. Le crime est un concept qui se survole lui-même, de même que la victime se survole comme persécuteur potentiel. Faute de pouvoir produire les déterminations réellement universelles du crime (justement un présupposé réel), la philosophie revendique un crime exemplaire et fondateur dont elle fait un absolu.
La justice passe par une dualité unilatérale entre la Victime-en-personne et le cercle unitaire du tout-crime (crime-criminel-victime).
Importe évidemment la victime concrète et en-monde en tant que symptôme de l'Homme-en-personne. La victime symptômale (mais non exemplaire) ne fait l'objet d'aucun "devoir de mémoire" car elle passe toute mémoire : c'est l'hérétique inconnu, l'Ange inhommé, le sans-Monde.
L'Ange est, comme sujet déterminé-en-dernière-Humanéité (et certainement comme divin), le sujet victimisable par définition ; le genre humain est le persécuteur de l'Ange comme sujet.
La victime est persécutée pour cause d'identité humaine, celle qui peut être posée comme ultimatum à la philosophie et à la religion, mais non pensable par elles.

2004

lundi 16 février 2009

UTOPIE> Philosophie-fiction

La philosophie, soi-disant chasseuse d’utopie, est elle-même une utopie du passé qui se consacre surtout à sa propre survie en entretenant le mythe increvable de sa propre mort. Elle insiste sur son mode propre qui est le harcèlement dans la pensée, le harcèlement pour se conformer à la production et à l’histoire.

Cette utopie trop mondaine et pas assez humaine, la non-philosophie veut la porter au rang de philosophie-fiction rigoureuse, consistant à fabriquer des utopies avec le matériel philosophique existant, mais des utopies négatives dépourvues de toute détermination positive.

Les énoncés non-philosophiques conjoignent un aspect d’axiome (mathématique) et un aspect d’oracle (philosophique). Leur style général est celui de la radicalité, c’est-à-dire les conditions minimales d’une pensée à la fois rigoureuse et féconde.

Aux utopies-mondes, la non-philosophie substitue des clones unilatéraux, les utopies-univers, dont le but est l’inversion radicale de la philosophabilité et de la forme-monde en général.

C’est donc l’Homme qui, en tant que titulaire d’un futur a-temporel, peut déterminer ces utopies ; et c’est le clone transcendantal qui en assume la mise en œuvre discursive.

2004

UTOPIE > Non-Philosophie

L'immanence dont est capable la philosophie ne relativise que la transcendance thématique, tandis que la non-philosophie, loin de thématiser le Réel, pense en-Réel ou pense utopiquement le Réel comme un futur affectant le monde et le sujet. Ce non-lieu ou ce plan opératoire que suppose la non-philosophie est vide de connaissance, mais c'est à partir de lui qu'un sujet peut penser et connaître.
N'ayant aucun contenu, le présupposé n'engendre rien à partir de lui-même, il détermine juste la structure des pratiques engendrées par le monde.
L'unilatéralité comme futur (l'"Autre que") radicalise le non-lieu de l'objet réel et du métalangage scientifiques. La non-philosophie pose le non-lieu axiomatiquement, comme identique à l'en-Homme, et non spéculativement comme la négation (s'auto-posant) elle-même.

2004

UTOPIE > Pratique

La non-philosophie est une pensée à présupposé (et non à présupposition) de type "pratique transcendantale".
Le terrain de la pensée doit être double mais en-Un : spéculatif et pratique, ce dernier étant réellement déterminant. Or une pratique ne "fait" pas "monde", c'est pourquoi elle caractérise le Réel humain comme u-topie radicale.
Les philosophies n'ont proposé que des versions imaginaires (sociales et politiques, artistiques) de l'utopie, soumises aux indéterminations de l'altérité. Tandis que la non-philosophie en fait un usage de "table rase" strictement négatif.
La vocation de l'utopie est de venir unilatéralement au monde, non d'être décalquée du monde.
Jusqu'à présent les utopies imaginaires n'ont fait qu'imiter l'histoire monde, par scission ou déplacement des frontières.
L'utopie hérétique est une intention vide puisant sa dernière force dans l'Homme-en-homme, bien qu'elle utilise des moyens mondains transformés, justement en tant qu'utopie de transformation et non d'imitation.

2004

mardi 10 février 2009

UNILATERALITE > Dualité unilatérale

La dualité unilatérale est la syntaxe propre de l'unilatéralité, étant dépourvue de toute circularité, de toute auto-position par identification réciproque. Le mot "unitaxe" (meilleur que syntaxe) signifie qu'une seule dualité est chaque fois requise et qu'elle comprend seulement deux termes, sans synthèse aucune. Cependant, le fait qu'elle reçoive son essence de l'Un qui est sans syntaxe et sans relation - puisque sa seule définition ou unique essence consiste à "voir-en-Un" - impose à la dualité elle-même une sorte de double définition. La dualité unilatérale comprend pour une part une Identité transcendantale, soit l'identité sans-synthèse de la dualité elle-même, et d'autre part cette dualité effective entre l'Identité transcendantale et un second terme extrait de l'empirique. 

Cependant la dualité n'est vue comme telle que depuis le second terme, car le premier, l'Identité, se contente quant à lui de voir-en-Un et ne fonctionne pas en tant que terme dans la dualité. En général, une Identité ne compte jamais comme terme dans une relation, sauf comme clone transcendantal et uniquement du point de vue du second terme qui, finalement, assume seul la dualité, de même que le premier terme assume seul l'identité. Ceci est évident, sans quoi l'identité "de" la relation compterait systématiquement pour un troisième terme, en supplément des deux termes de la relation. 

Quant à la dualité unilatérale proprement dite - le "dual" - elle apporte l'a priori extrait du terme empirique en tant que dépourvu de sa forme mixte originelle. En résumé, la dualité unilatérale n'a plus rien d'une dualité arithmétique homogène, pas plus que l'Un-en-Un n'est l'unité mathématique ou son idéalisation métaphysique. La dualité unilatérale congédie la structure oppositionnelle du "face à face" autant que celle du "survol" synthétique ; finalement c'est toute l'"arithmétique transcendantale" sur laquelle s'appuie la philosophie depuis Platon qui se trouve écartée.

1996

UNILATERALITE > Force (de) pensée

Une pensée à présupposé comme la non-philosophie se définit par le paradigme de l'uni-latéralité. Une pensée unilatérale ne distingue par définition qu'un seul côté, l'identité ou le Réel n'étant pas un côté justement ; au contraire une pensée à présupposition comme la philosophie se caractérise par sa bilatéralité di-rectionnelle.
A la pensée procédant par survol et par transcendance, nous opposons la force de pensée, ou la pensée comme force de l'immanence, utopique en son origine et tournée vers le Tout. Au lieu de le viser comme un objet, la pensée uni-rectionnelle détermine le Tout comme sujet. 
La pensée unilatérale se définit par une simplicité qui la distingue des unilatéralités philosophiques, comme les perspectives nietzschéennes, les dispositifs pulsionnels et autres machines désirantes qui atomisent la décision philosophique plus qu'elle ne la réduisent vraiment. 
Le terme de "praticité" désignera tout savoir ayant une forme-présupposé. 
Les parenthèses entourant le (de) expriment en principe l'uni-latéralité, bien qu'une seule parenthèse ouverte serait plus appropriée. 

2004

UNILATERALITE > Unidentité

L'"Unidentité" est l'autre nom de l'identité transcendantale, en tant qu'elle participe de la dualité unilatérale sous son aspect précisément transcendantal. En effet, si la dualité n'est pensable en tant que telle que depuis le second terme (non(-Un)), elle est d'abord unilatéralisée par une instance purement transcendantale et non apriorique ((non-)Un), représentant l'Un pour cette dualité. Ni l'identité transcendantale (l'unidentité) ni l'unilatéralisation (son action) ne peuvent se confondre avec la dualité (son effet), elle-même unilatérale mais à support empirique. L'unilatéralisation forme donc avec celle-ci une dualité d'unilatéralisation (sans synthèse). De son "côté" (qui n'en est pas un), l'unidentité ne se contente pas d'unilatéraliser, elle confère également au support empirique une identité propre de transcendance (mais non transcendante elle-même), sous la forme d'une "Distance non auto-positionnelle". Finalement, '"unidentification" et "unilatéralisation" constituent les deux pouvoirs principaux de la force (de) pensée, en tant que "sujet" de la détermination-en-dernière-instance.

1996

UN > Philosophie

L'Un n'est jamais que le nom philosophique de l'Un-en-Un : il traduit mal l'inconsistance radicale du réel, vide de toute détermination ontologique. Cette inconsistance (réelle) implique une sorte d'indifférence (transcendantale) au matériau philosophique, dont il détermine toutefois l'usage comme occasion.

L'Un n'est détermination en-dernière-instance de la philosophie que par le moyen de la non-philosophie. Etant d'abord cause transcendantale de la force (de) pensée, on ne peut dire qu'il est l'essence de la philosophie elle-même. Cependant, en tant que clone, il détermine la philosophie à exister comme non-philosophie, et à se laisser déterminer par l'Un. On peut dire aussi qu'il est détermination-en-dernière-instance de la non-philosophie pour la philosophie, celle-là étant l'identité de celle-ci, et en ce sens il est leur essence commune.

1996, 2004

UN > Donation

La non-consistance de l'immanence radicale implique l'être-forclos du Réel à la pensée, même s'il peut aussi la donner uni-latéralement. L'être-forclos n'interdit donc pas toute causalité et toute donation, ni même une effectuation de la Vision-en-Un par la philosophie, il suspend simplement la causalité philosophique sur le Réel.

Ce que donne ou détermine le donné-sans-donation réel n'est rien moins la non-philosophie considérée comme clone de la pensée-langue-philosophique (Logos), donnée elle-même comme simple occasion délivrée du Principe de Philosophie Suffisante. 
La non-philosophie est contingente du point de vue du langage-matériau philosophique, mais nécessaire du point de vue réel de la vision-en-Un.

2004

UN > Immanence

Malgré la parenté du vocabulaire, aucune philosophie "de" l'immanence n'a posé, comme la non-philosophie, le primat du Réel sur la pensée, de l'Un sur l'Unilatéralité, du Radical sur la radicalité. 
L'Un, ou l'Immanent-en-personne, n'est pas pensable sur le mode de la transcendance (thématique ou opératoire) et reste donc inaperçu des philosophies de l'immanence (Deleuze) ou de l'auto-affection (Henry). Traiter l'immanence de manière immanente, tel est l'impératif de la rigueur.
Un est d'emblée en-Un et immanent plutôt que en-soi et intérieur : immanence donc radicale (et non absolue), non convertible avec l'Etre ou l'Autre. Cette radicalité lui confère en outre une plus grande universalité.

La Vision-en-Un inverse ou plutôt uni-verse la transcendance : elle donne en-Un l'Un-en-Un, sans altérité autre que celle d'un Autre-que (appelé aussi (Non-) Un ou Uni-latéralité) exprimant l'essence d'immanence séparée de l'Un mais non un quelconque rapport de l'Un avec l'Etre.

2004

mardi 3 février 2009

TRANSCENDANTAL > Clonage

Le transcendantal non-philosophique, c'est le Réel lorsqu'il se dit de la forme-philosophie auto-englobante. Sa force est de transformer la sollicitation du Réel par le matériau en un a priori pour ce matériau.
Le transcendantal ne fait pas le nouage entre instances opposées : le clonage est précisément l'identité qui reste ce qu'elle est même lorsqu'elle "noue" unilatéralement la transcendance qui est la substance du Monde. Le clonage permet que ni le Réel ni le transcendantal ne soient coupés en deux.

2004

THEORICISME > Religion

L'auto-spécularité philosophique est en manque de Réel, c'est pourquoi la religion (monothéiste) lui est co-constitutive. Le monothéisme concentre parfois l'unité spéculaire dans une forme de transcendance pure ou intégriste à laquelle s'identifient les croyants. L'excès divin se fait absence du côté juif et s'applique comme terreur négative sur des individus en manque d'identité (mais aussi corollairement comme terrorisme d'Etat), tandis qu'il se manifeste comme présence étouffante et excès d'identité côté islamique, entraînant plutôt un terrorisme actif aux plans individuel et sectaire (mais un pacifisme d'Etat).

2002

THEORICISME > Non-Philosophie

Théoricisme et terreur, fondés sur la pureté spéculaire et la haine de l'homme, ont donné respectivement la philosophie et la guerre, dont le principe est le cercle vicieux. Seule la rigueur théorique de la non-philosophie, expression d'un savoir indocte (la Vision-en-Un), fait face à la terreur théoriciste avec ses croyances et ses savoirs transcendants. La non-philosophie est aussi une pratique de lutte unilatérale qui abandonne à la philosophie la guerre et ses armes bifaciales (tournées à la fois contre l'autre et contre soi). Elle fait face également au praticisme (pour qui la pratique est une fin universelle) au moyen d'axiomes et de théorèmes irréversibles plutôt qu'absolus (tournés vers la philosophie seulement). 

Il y a bien un critère de partage entre, d'une part, la pensée non-philosophique qui laisse l'homme-en-Homme et le réel en-Réel et, d'autre part, la pensée philosophico-religieuse qui martyrise l'humain et hallucine le Réel : c'est le radical immanent de l'une, précédant toute dualité, qui fait la force du sujet-en-lutte, et c'est l'absolu transcendant de l'autre, unité spéculaire, qui cause la menace de tous les terrorismes.
Suprême arrogance : non seulement le théoriciste hallucine le réel mais encore vous hallucine prisonnier de sa vision du réel ! 
Le théoricisme aime faire "table rase", parfois à la manière terroriste en coupant l'intelligence, parfois en s'adossant à l'intelligence (réduction logique, doute, révolution) ; la non-philosophie le fait en s'adossant au réel de l'en-passé et en se tournant vers le sujet-futur... 

2002

PASSE > Mémoire

En philosophie, on a toujours considéré le passé comme représentable ou comme un élément immanent à la représentation : philosophable plutôt que réel.
En non-philosophie, le passé (en-passé, ou en-identité) est immanent en tant que réel et non en tant que mémoire ; il ne peut donc être oublié puisque forclos à la mémoire. Globalement il n'est plus une dimension subjective.
Or le passé réel assume une fonction de sujet futur en clonant la mémoire mondaine. La temporalité philosophique devient le symptôme du temps futur (inextatique) que le passé inconsistant détermine en-dernière-identité.
Le temps-sujet futur fait exister le passé radical, non en le représentant spéculairement, mais pragmatiquement en reprenant le "travail de mémoire" et en faisant exister autrement la mémoire-Monde (de l'Histoire, du Mythe, etc.).

2002

SUJET > Antinomie

Suite à Descartes qui le premier concéda au Sujet une autonomie principielle, la philosophie moderne et contemporaine s'est constituée dans sa quasi-totalité comme une vaste "antinomie du sujet philosophique", voire comme sa "dialectique transcendantale" généralisée. S'affrontent (et souvent se mélangent selon des modalités variées et complexes) une théorie du sujet à tendance scientifique, objectivante ou disséminatrice (jusqu'à Lacan, Althusser), et une philosophie du sujet mettant plutôt en exergue l'immanence de l'Ego (comme Husserl, Henry). 
Se présentant comme théorie du sujet en tant que sujet (donc comme théorie transcendantale), la non-philosophie se donne cette antinomie et la résout par son explication a priori, sans la discuter ni prendre parti, en adoptant une posture identiquement scientifique et philosophique ou encore identiquement théorique et pragmatique.

En réalité les philosophies post-cartésiennes ne parviennent à penser ni l'Ego ni le sujet dans leur identité respective (réelle puis transcendantale), car l'Ego se trouve toujours en position d'objet (sa priorité n'est alors que supposée) par rapport à un sujet qui le vise en le prédéterminant de sa structure (réflexive, noético-noématique, etc.). L'Ego reste ignoré dans son identité et son immanence de réel tant que sa nature amphibologique reproduit la confusion de l'être et de la pensée, voire plus généralement celle de l'Ego et de la philosophie (fût-elle de style égologique). L'amphibologie de l'Ego et du sujet constitue la Modernité même, le principe d'une auto-référence devant sans cesse répondre d'elle-même. Elle devient désormais l'objet d'une théorie unifiée.

La théorie non-cartésienne et non-philosophique du sujet commence donc par se donner un Ego réel-sans sujet et répartit différemment les trois termes Ego-sujet-être. C'est une science transcendantale au sens où elle ne porte pas directement sur les objets à connaître (ici, les "philosophies du sujet") mais sur les conditions de leur connaissance a priori. Une théorie unifiée suppose quatre conditions : 1) une cause de la théorie dans les termes du réel-Un ou de l'Ego , 2) un matériau, en l'espèce les philosophies du sujet, 3) un organon universel, d'où se déduiront les structures a priori, 4) les opérations de ce sujet transcendantal par lesquelles il accède au matériau philosophique.

1996

SEPARATION > Un

L'affect du Réel selon la philosophie se nomme transcendance, notamment sous la forme du chorismos (séparer et placer), à quoi l'on oppose l'être séparé immanent ou sans-séparation, et l'uni-latéralité comme type d'emplacement. Même lorsqu'il parle d'immanence, le philosophe continue de la contempler dans le Logos au lieu de la pratiquer de façon immanente, ce qui peut induire par exemple un nouveau platonisme au nom d'une dernière extériorité de la division.

L'être-séparé de l'Un ne signifie nullement que séparation ou division appartiennent à l'essence de l'Un, puisqu'il n'est pas séparé de soi mais seulement du Monde, et encore sur le mode négatif de l'Autre-que... ou bien du Futur uni-latéral. 

2004

SEPARATION > Homme

L'homme de la philosophie est un hybride qui doit autant à la dyade antropoïde grecque qu'à la créature judéo-chrétienne. La philosophie méconnaît l'homme ordinaire, l'homme rien-qu'homme.

Ll'homme selon la non-philosophie est un être-Inséparé (de) soi, et donc Séparé-sans-séparation du Monde.

L'homme n'est rien d'autre que le Réel forclos à la philosophie. Mais humain contraint la pensée à se faire axiome et à renoncer à la suffisance.

Car si l'Ego-homme est forclos aux sujets (contrairement à l'Ego philosophique), ceux-ci en le pré-supposant effectuent son uni-versalité pour le Monde.

1998

mardi 27 janvier 2009

SCIENCE > Métascience

On désigne par "Métascience" les discours philosophiques ayant pour objet l'essence ou la fondation de la science, de même que les études critiques, épistémologiques et historiques des sciences, mais traités à leur tour comme objets-matériaux pour la Science première.

Toute philosophie se reconnaît le droit de légiférer sur la science et se définit au moins implicitement comme métascience.
Etant donné le contenu et le statut à la fois philosophiques et non scientifiques de la métascience, il est clair que l'approche non-philosophique de celle-ci suppose la priorité de la science sur la métascience.

La généralisation non-philosophique se propose de révéler 1) la similitude entre les programmes de fondation formaliste et logiciste et ces programmes de fondation de la science en général que sont les classiques "philosophies de la science", 2) la similitude entre l'intervention gödelienne sur la métamathématique et la réduction non-philosophique des discours métascientifiques en général par une "science première", identiquement science de la métascience et de la philosophie, 3) le caractère finalement hallucinatoire de la métascience au regard de l'essence de la science.

Il ne s'agit pas de dénier tout "métalangage" : il y a une métascience et donc du métalangage (et pas seulement sous forme d'"effets" textuels) mais dont la suffisance (ou validité absolue) est d'emblée suspendue par une science non-suffisante de la métascience qui se justifie en-dernière-instance de l'immanence du réel.

1998

SCIENCE > Essence

L'essence (de) science des sciences est l'un des objets de la Science première ou Théorie unifiée de la pensée, tant qu'elle ne réduit pas la Science à une production de connaissances comme le fait la philosophie.

La philosophie peut reconnaître une forme métaphysique et platonicienne de l'essence de Science (l'Idée de Science), ou bien vouloir sa négation nihiliste et post-moderne (les formations de pouvoir-savoir), mais dans tous les cas elle prétend légiférer sur cette essence.

L'essence (de) science est étrangère à ce mixte typiquement philosophique de décision ontologique sur le plan général, et de fétichisation de certaines connaissances ou théories scientifiques locales.

A la fois la science de l'essence (de) science préserve son objet réel et elle utilise les datas épistémologiques pour redéfinir cette identité à partir d'opérations théoriques de type "unifié".

Du côté du Réel, l'essence (de) science apparaît comme "force (de) pensée", c'est-à-dire identité-en-dernière-instance de la théorie-science et de la pragmatique-philosophie ; du côté de l'objet elle représente le sens(d')identité de la Différence épistémo-logique.

1998

mardi 20 janvier 2009

REEL > Reflet

Toute Décision philosophique instaure un mode de représentation du Réel de type spéculaire, voire spéculatif, tel que la représentation se divise toujours en reflet du Réel et en reflet du reflet, autrement dit en un mixte miroir-reflet. Classiquement, l'ego cogito constitue l'une de ces "choses-miroir", à la fois miroir de la chose-sujet, donc chose elle-même, et reflet par excellence de la chose en tant que cogitans

Le matérialisme a esquissé une critique de cette représentation du Réel avec sa théorie du "reflet sans miroir", en affirmant l'autonomie du procès de connaissance précisément comme reflet du Réel, et sans réduire celui-ci à une projection spéculaire idéaliste. Cependant cette doctrine part d'une conception erronée du Réel comme Etre ou Matière, et replace celle-ci dans la transcendance en l'opposant par exemple à la conscience qu'elle est censée déterminer. 

L'autre philosophie essayant de rompre avec cette structure mixte miroir-reflet est celle de l'"immanence de l'Ego" (Henry, par exemple). Certes la représentation n'y est plus "réfléchie" ou spéculaire en un sens, puisqu'elle prend la forme d'une auto-affection non re-présentative et non redoublée, mais elle conserve pourtant la structure de la Distance qui est propre à la pensée (confondue massivement avec le Réel) et donc réintroduit une forme de transcendance dans l'immanence. Le fait d'écraser l'un sur l'autre le miroir et le reflet, en croyant s'affranchir du mixte, ne permet pas de lever l'auto-position philosophique ni de penser l'Identité réelle comme immanence radicale. 

En revanche l'Un-en-Un de la non-philosophie, ne faisant pas corps avec la pensée et ne constituant nullement un objet de représentation, ne saurait s'auto-représenter. Il ne peut ni être représenté ou reflété comme tel, ni être à lui-même son propre miroir. Mais le miroir existe pourtant et l'Un ne lui oppose aucune résistance, de sorte qu'il se prête "passivement" à une sorte de "reflet-sans-reflété" d'ordre purement transcendantal, dont il est la condition nécessaire mais négative. Cet ordre transcendantal du reflet constitue un clone du Réel, un reflet sans miroir puisque le Réel et le miroir ne sont justement pas du même ordre. Pour être plus précis, ce clone n'est pas le rejet du miroir spéculaire, ce qui constituerait encore une illusion philosophique ; il incarne plutôt l'identité de la dualité unilatérale (non spéculaire) du reflet-miroir, il dualyse celle-ci au lieu de la refouler et l'identifie comme identité de la spéculation. 

En résumé, ces trois noms premiers : Réel-non-reflété (seulement réel), miroir-reflet (transcendant) et reflet-sans-reflété (transcendantal), sont les trois identités permettant de traiter non-philosophiquement la triade spéculative philosophique.

1995

REBELLION > Surmaîtrise

La philosophie est la véritable maîtrise ou pensée-monde, et cela pour des raisons théoriques et méthodologiques non-contingentes, ce qui implique priorité et primauté de la philosophie sur la religion et la politique dans la constitution du matériau. Il faut régler le problème de la maîtrise et de la rébellion, d'abord avec la philosophie.
Dans le cadre de la pensée-monde, ni la maîtrise ni la rébellion ne sont des entités solitaires puisqu'elles se déterminent réciproquement en une dyade qu'on peut appeler "surmaîtrise". Seule une rébellion non-rebelle (de) soi pourra en venir à bout.
Seuls les hommes-en-personne peuvent se donner (non-philosophiquement) la philosophie-monde en-personne. "Nous-les-humains" sommes le futur propre à la rébellion, sa venue radicale au-devant du présent.
La philosophie est le surmaître en ceci qu'elle se divise "volontairement" entre un maître et son rebelle ; faisant ainsi le rebelle elle s'assure de l'avoir toujours vaincu. Le refus de la croyance propre au surmaître est nommé l'en-lutte, ou esprit de lutte, soit la condition négative et l'essence non-temporelle de la rébellion.

2004

REBELLION > Sujet

Des distinctions s'imposent 1) entre l'Homme et le Tout, c'est-à-dire l'Homme-sans-opération de-rébellion et la surmaîtrise ; 2) entre l'Homme non-révolté (mais capable de lutte) et le sujet-existant-Rebelle ; 3) entre le sujet philosophique engagé (et/ou désengagé) et le sujet-Rebelle non-engagé (mais en-lutte) ; 4) entre la rébellion mélangée à la maîtrise et la rébellion non-rebelle (de) soi (sans ressentiment).
En réalité ces distinctions ne se présentent pas comme des oppositions bilatérales, mais comme des dualités unilatérales où l'un des termes ayant le primat du Réel est forclos de l'opposition surmaîtrisante.
Trois instances se détachent : 1) l'Homme-sans-rébellion (mais non sans lutte), 2) la surmaîtrise (maîtrise et rébellion mêlées), 3) et à l'intersection des deux le sujet existant-Rebelle. Ce dernier est à la fois réel en-dernière-humanéité, transcendantal par son essence (l'esprit de lutte immanente), et dégageant l'a priori de maîrise-rébellion.

L'Homme-ultimatum est le présuppossé du Rebelle : non-révolté, séparé sans-séparation, possibilité négative, etc. Que maîtrise et rébellion soient données en-Homme signifie que l'Homme n'a aucun "rapport" avec elle, forclusion véhiculée par le sujet-Rebelle.
Celui-ci ne doit pas être pensé comme une instance autonome ou absolue, mais comme une instance elle-même triple générée par la double causalité du Réel et de la maîtrise. Le Sujet-Rebelle transcendantal n'a pas, à lui seul, le statut du penser. D'une part le transcendantal est une fonction du Réel, d'autre part le Sujet est une identité transcendantale, un clone formé de l'essence et du contenu philosophique transformé sous les conditions réelles-transcendantales de l'essence. Ce contenu de pensée (venant de la maîtrise) n'est autre que l'a priori. On n'isole pas le moment transcendantal, faute de quoi la théorie reste un idéal contemplatif.
"Rebelle" ne désigne donc pas le seul moment transcendantal et abstrait : il prend son sens par son contenu d'expérience a priori (l'"Ange").

2004

mardi 13 janvier 2009

REBELLION > Platonisme

Platon, pas plus que tout autre grand philosophe, ne peut résumer à lui seul la-philosophie, soit "l'identité de la philosophie et du philosopher" ; on ne peut pas réduire la philosophie à la seule transcendance (Platon), mais au mélange de celle-ci avec l'immanence. Ramener toute la philosophie au platonisme : symptôme classique du refus grec du judaïque dans la pensée, et donc sous-estimation de la psychanalyse et de la déconstruction, etc.
La "philosophabilité" est cette abstraction initiale et maximale qui permet justement d'abstraire la-Philosophie du platonisme. L'idée de transcendance absolue comme le dualisme gnostique sont relativisés 3 fois : 1) définition de la surmaîtrise comme mélange de transcendance et d'immanence, 2) l'idée de philosophabilité comme caractère auto-englobant de la philosophie 3) la philosophabilité doit être réduite préalablement en-Réel (elle n'est pas une donnée absolue).

2004

REBELLION > Ange

L'Ange participe des multiples figures de la sensibilité transcendantale : étonnement (Aristote), inspiration (Platon), admiration envers Dieu (Descartes), émotion créatrice (Bergson), ivresse dionysiaque (Nietzsche)...
Demandons-nous comment la pensée-Ange, d'inspiration platonicienne, vient au Rebelle.
La non-philosophie traite le problème de la sensibilité, ou plutôt de l'affectivité en distinguant trois instances : 1) l'affect comme affecté-sans-affection, posé axiomatiquement comme le futur, 2) l'affectivité comme corrélation totale et suffisante, de nature philosophique, 3) l'affection comme sujet-existant-affectif, clone de... et pour... l'affectivité.
Trois opérations sont ainsi requises pour la réduction non-philosophique de l'Ange : 1) l'enthousiasme platonicien (l'Ange ou le Peuple) est généralisée en philosophabilité auto-englobante, 2) il est vécu-en-Homme et sa suffisance levée, 3) il doit être déterminé comme Sujet-affection première.
Du point de vue de la gnose, l'Ange non réduit dans son absoluité mais "orienté" par le sujet-Rebelle et "venant à la théorie", devient une arme contre le Monde. Du point de vue de la non-philosophie, l'Ange dé-angélisé ou dé-platonisé est réduit en affect-sans-affection, l'affect (du) Monde comme pure philosophabilité. L'Ange du Monde n'a pas à venir à la théorie mais une théorie future doit venir à lui. L'Ange des gnostiques tombe du Ciel : c'est miracle si l'Ange vient à à la théorie et si le Peuple se fait Rebelle.
La gnose reste décidément néo-platonicienne : Réel, Théorie ou Transcendantal, pensée ou Ange ou Transcendance non-thétique, ceci rappelle la triade de l'Un, de l'Etre ou de l'Intelligible, et de l'Ame.

Il y a une antithétique religieuse de l'Ange, dont tient compte la non-philosophie dans sa lutte avec l'Ange.
Supposons que la gnose use de l'Ange comme messager du Christ, le message se substituant à la croix : l'Ange serait ainsi la séparation du christianisme et de la gnose.
La non-philosophie ne s'oppose pas simplement à l'angélisme ou à son contraire, la "crucifiabilité" ou "cruciformité" ; elle réalise leur théorie unifiée comprenant des aspects christiques et des aspects angéliques, le but étant d'établir l'a priori christo-angélique à la fois unifié et unilatéralisé en-dernière-humanéité, contre la double suffisance déiforme et cruciforme.

2004

REBELLION > Gnose

La non-philosophie est confrontée au retour de la gnose, sous sa forme contemporaine post-marxiste, et à sa question : comment penser la rébellion future ?
Du point de vue de la non-philosophie, la gnose non-religieuse court-circuite une phase nécessaire, celle de son interprétation par la philosophabilité : "avant" même l'illusion religieuse, il s'agit de débusquer l'illusion transcendantale dissimulée dans la philosophie. La religion n'est qu'un cas particulier de la maîtrise, réglée de façon plus complexe et plus globale par la philosophie. User du langage philosophique est donc une nécessité. 
La gnose finit par revenir comme position doctrinale sur le flanc gauche de la non-philosophie, en critiquant celle-ci. Le problème de la rébellion est justement de risquer d'introduire le ressentiment et la réaction dans la lutte contre la maîtrise, alors qu'il faut faire valoir, comme condition même d'une rébellion non-réactive, le (non-)agir de l'Homme-en-personne.

La gnose non-religieuse suppose un Rebelle abstrait, s'ajoutant à la triade constitutive du champ non-philosophique, d'abord parce qu'elle ne pense pas le Réel en immanence mais par transcendance : elle réintroduit dualisme et haine du Monde. 
La gnose pose l'Immanent radical comme altérité au lieu de le poser de manière immanente comme unilatéralité. Elle refuse de voir que le Réel peut "donner" la pensée.
C'est pourquoi en plus de la rigueur qu'impose la découverte non-philosophique du Réel, la gnose non-religieuse se réclame d'un tranchant qu'elle tire de la transcendance platonicienne et du pathos religieux de la division. Par exemple, la gnose désarticule l'identité unilatérale de la théorie et de la pratique, elle en fait une dualité entre théoricisme et pratique.
La contemplation gnostique sous la forme d'un doublet réel-transcendantal se donne des "airs" d'immanence, mais le Rebelle gnostique est un transcendantal métaphysique, dont la genèse est ignorée. La gnose non-religieuse semble une déduction métaphysique plutôt que transcendantale (prenant ses objets dans les mélanges philosophiques de la maîtrise et de la rébellion) de la rébellion. La maîtrise elle-même n'est pas pensée en-Un par le Rebelle (version non-philosophique) mais par l'Ange (philosophe religieux, version théoriste). 
Une simple mention ou allusion "platonique" à la maîtrise ne peut faire émerger le transcendantal. Le clonage explique la genèse du transcendantal à partir du Réel. Or la gnose se donne la religion en court-circuitant son clonage et d'abord son être-donné-en-Réel, du moins tant que la non-philosophie ne se l'est pas appropriée sous la forme d'une théorie unifiée de la philosophie et de la gnose.
Dans la gnose, le Rebelle doublant le Réel ne peut intervenir sur la maîtrise qu'au moyen de l'Ange : argument du 3è homme indéfiniment reconduit, unité transcendante toujours présupposée mais dissimulée dans la suture comme opération même.
En non-philosophie, la Rébellion n'existe qu'en-dernière-utopie, puisque l'Homme et le Rebelle n'ont plus de lieu.
Par l'intermédiaire du Rebelle, l'Homme-Réel met le vide de la possibilité négative au coeur de la maîtrise. L'esprit de lutte fournit au Rebelle la capacité d'utiliser les armes du Maître contre lui ; la maîtrise est non seulement l'occasion mais le matériau de la Rébellion. Bref le Rebelle est transcendantal et non transcendantal et transcendant : dans le théorisme, ce doublet est à l'origine du fameux "tranchant" et de la production des "théorèmes".

2004

REBELLION > Futur

Le "rebelle dans l'âme" possède une force de lutte, qui ne présuppose plus la victoire, mais conçoit la lutte comme un simple présupposé ou un axiome vide qui n'a plus le caractère intuitif de la guerre effective ou engagée.
Il y a un état de la force comme possibilité et c'est la lutte par quoi se définit le Rebelle.
Le Rebelle met en attente la victoire comme future, attente radicale qui a déjà suspendu le Surmaître.
Si le maître vole au-devant de la victoire, le Rebelle vient, futur au-devant du combat et ce n'est pas le même "au-devant". Nous opposons la rébellion radicalement future à l'anticipation de la victoire. Le surmaître s'engage dans la victoire en "y croyant", le Rebelle est engagé dans la lutte à son corps défendant.

2004

mardi 6 janvier 2009

REBELLION > Lutte

Il existe dans le monde un Principe de Rébellion Suffisante, faisant cercle avec la Maîtrise, stipulant qu'on a toujours de bonnes raisons de se rebeller... Qu'elle soit de défense ou d'attaque, au service des forts ou au service des faibles, la lutte a toujours été pensée comme agôn (dirigée contre quelque chose) mais jamais comme telle.
La rébellion la plus universelle est "à cause sans raison" parce que cette cause est immanente. Le mal n'est pas la cause réelle de la lutte humaine mais son occasion ou sa conjoncture. Le marxisme et la gnose justifient la lutte par l'aliénation de l'homme, mais il s'agit d'une lutte elle-même aliénée qui, en cherchant à donner "raison" à la rébellion, méconnaît l'essence inaliénable de l'homme.
Si le phénomène du mal était une cause première et suffisante de la révolte, pourquoi se révolter plutôt que fuir ? La rébellion comme forme universelle de notre rapport au monde ne se réduit pas à un réflexe de défense contre les agressions de ce dernier.
La cause qui détermine transcendantalement la rébellion comme forme a priori de notre rapport au Monde (sans devoir au Monde ses motifs) n'est pas elle-même du Monde. L'Homme-en-personne détermine unilatéralement le Sujet comme existant-en-lutte, et les raisons mondaines de la rébellion n'interviennent qu'à titre de causes occasionnelles.
Dualyser la rébellion revient à combiner une première dualité, en l'occurrence religieuse et philosophique, essentiellement mondaine, avec la détermination humaine en-dernière-identité qui seule transforme la révolte en lutte-de-l'Etranger.
Finalement, voici les trois conditions pour sortir des cercles vicieux philosophiques de l'auto-défense et de l'auto-maîtrise : lutter pour et contre la philosophie (forme du Monde), lutter (pour et contre) plutôt que se rebeller (contre), soumettre unilatéralement le pour et le contre à l'indifférente cause humaine.

2004