mardi 27 janvier 2009

SCIENCE > Métascience

On désigne par "Métascience" les discours philosophiques ayant pour objet l'essence ou la fondation de la science, de même que les études critiques, épistémologiques et historiques des sciences, mais traités à leur tour comme objets-matériaux pour la Science première.

Toute philosophie se reconnaît le droit de légiférer sur la science et se définit au moins implicitement comme métascience.
Etant donné le contenu et le statut à la fois philosophiques et non scientifiques de la métascience, il est clair que l'approche non-philosophique de celle-ci suppose la priorité de la science sur la métascience.

La généralisation non-philosophique se propose de révéler 1) la similitude entre les programmes de fondation formaliste et logiciste et ces programmes de fondation de la science en général que sont les classiques "philosophies de la science", 2) la similitude entre l'intervention gödelienne sur la métamathématique et la réduction non-philosophique des discours métascientifiques en général par une "science première", identiquement science de la métascience et de la philosophie, 3) le caractère finalement hallucinatoire de la métascience au regard de l'essence de la science.

Il ne s'agit pas de dénier tout "métalangage" : il y a une métascience et donc du métalangage (et pas seulement sous forme d'"effets" textuels) mais dont la suffisance (ou validité absolue) est d'emblée suspendue par une science non-suffisante de la métascience qui se justifie en-dernière-instance de l'immanence du réel.

1998

SCIENCE > Essence

L'essence (de) science des sciences est l'un des objets de la Science première ou Théorie unifiée de la pensée, tant qu'elle ne réduit pas la Science à une production de connaissances comme le fait la philosophie.

La philosophie peut reconnaître une forme métaphysique et platonicienne de l'essence de Science (l'Idée de Science), ou bien vouloir sa négation nihiliste et post-moderne (les formations de pouvoir-savoir), mais dans tous les cas elle prétend légiférer sur cette essence.

L'essence (de) science est étrangère à ce mixte typiquement philosophique de décision ontologique sur le plan général, et de fétichisation de certaines connaissances ou théories scientifiques locales.

A la fois la science de l'essence (de) science préserve son objet réel et elle utilise les datas épistémologiques pour redéfinir cette identité à partir d'opérations théoriques de type "unifié".

Du côté du Réel, l'essence (de) science apparaît comme "force (de) pensée", c'est-à-dire identité-en-dernière-instance de la théorie-science et de la pragmatique-philosophie ; du côté de l'objet elle représente le sens(d')identité de la Différence épistémo-logique.

1998

mardi 20 janvier 2009

REEL > Reflet

Toute Décision philosophique instaure un mode de représentation du Réel de type spéculaire, voire spéculatif, tel que la représentation se divise toujours en reflet du Réel et en reflet du reflet, autrement dit en un mixte miroir-reflet. Classiquement, l'ego cogito constitue l'une de ces "choses-miroir", à la fois miroir de la chose-sujet, donc chose elle-même, et reflet par excellence de la chose en tant que cogitans

Le matérialisme a esquissé une critique de cette représentation du Réel avec sa théorie du "reflet sans miroir", en affirmant l'autonomie du procès de connaissance précisément comme reflet du Réel, et sans réduire celui-ci à une projection spéculaire idéaliste. Cependant cette doctrine part d'une conception erronée du Réel comme Etre ou Matière, et replace celle-ci dans la transcendance en l'opposant par exemple à la conscience qu'elle est censée déterminer. 

L'autre philosophie essayant de rompre avec cette structure mixte miroir-reflet est celle de l'"immanence de l'Ego" (Henry, par exemple). Certes la représentation n'y est plus "réfléchie" ou spéculaire en un sens, puisqu'elle prend la forme d'une auto-affection non re-présentative et non redoublée, mais elle conserve pourtant la structure de la Distance qui est propre à la pensée (confondue massivement avec le Réel) et donc réintroduit une forme de transcendance dans l'immanence. Le fait d'écraser l'un sur l'autre le miroir et le reflet, en croyant s'affranchir du mixte, ne permet pas de lever l'auto-position philosophique ni de penser l'Identité réelle comme immanence radicale. 

En revanche l'Un-en-Un de la non-philosophie, ne faisant pas corps avec la pensée et ne constituant nullement un objet de représentation, ne saurait s'auto-représenter. Il ne peut ni être représenté ou reflété comme tel, ni être à lui-même son propre miroir. Mais le miroir existe pourtant et l'Un ne lui oppose aucune résistance, de sorte qu'il se prête "passivement" à une sorte de "reflet-sans-reflété" d'ordre purement transcendantal, dont il est la condition nécessaire mais négative. Cet ordre transcendantal du reflet constitue un clone du Réel, un reflet sans miroir puisque le Réel et le miroir ne sont justement pas du même ordre. Pour être plus précis, ce clone n'est pas le rejet du miroir spéculaire, ce qui constituerait encore une illusion philosophique ; il incarne plutôt l'identité de la dualité unilatérale (non spéculaire) du reflet-miroir, il dualyse celle-ci au lieu de la refouler et l'identifie comme identité de la spéculation. 

En résumé, ces trois noms premiers : Réel-non-reflété (seulement réel), miroir-reflet (transcendant) et reflet-sans-reflété (transcendantal), sont les trois identités permettant de traiter non-philosophiquement la triade spéculative philosophique.

1995

REBELLION > Surmaîtrise

La philosophie est la véritable maîtrise ou pensée-monde, et cela pour des raisons théoriques et méthodologiques non-contingentes, ce qui implique priorité et primauté de la philosophie sur la religion et la politique dans la constitution du matériau. Il faut régler le problème de la maîtrise et de la rébellion, d'abord avec la philosophie.
Dans le cadre de la pensée-monde, ni la maîtrise ni la rébellion ne sont des entités solitaires puisqu'elles se déterminent réciproquement en une dyade qu'on peut appeler "surmaîtrise". Seule une rébellion non-rebelle (de) soi pourra en venir à bout.
Seuls les hommes-en-personne peuvent se donner (non-philosophiquement) la philosophie-monde en-personne. "Nous-les-humains" sommes le futur propre à la rébellion, sa venue radicale au-devant du présent.
La philosophie est le surmaître en ceci qu'elle se divise "volontairement" entre un maître et son rebelle ; faisant ainsi le rebelle elle s'assure de l'avoir toujours vaincu. Le refus de la croyance propre au surmaître est nommé l'en-lutte, ou esprit de lutte, soit la condition négative et l'essence non-temporelle de la rébellion.

2004

REBELLION > Sujet

Des distinctions s'imposent 1) entre l'Homme et le Tout, c'est-à-dire l'Homme-sans-opération de-rébellion et la surmaîtrise ; 2) entre l'Homme non-révolté (mais capable de lutte) et le sujet-existant-Rebelle ; 3) entre le sujet philosophique engagé (et/ou désengagé) et le sujet-Rebelle non-engagé (mais en-lutte) ; 4) entre la rébellion mélangée à la maîtrise et la rébellion non-rebelle (de) soi (sans ressentiment).
En réalité ces distinctions ne se présentent pas comme des oppositions bilatérales, mais comme des dualités unilatérales où l'un des termes ayant le primat du Réel est forclos de l'opposition surmaîtrisante.
Trois instances se détachent : 1) l'Homme-sans-rébellion (mais non sans lutte), 2) la surmaîtrise (maîtrise et rébellion mêlées), 3) et à l'intersection des deux le sujet existant-Rebelle. Ce dernier est à la fois réel en-dernière-humanéité, transcendantal par son essence (l'esprit de lutte immanente), et dégageant l'a priori de maîrise-rébellion.

L'Homme-ultimatum est le présuppossé du Rebelle : non-révolté, séparé sans-séparation, possibilité négative, etc. Que maîtrise et rébellion soient données en-Homme signifie que l'Homme n'a aucun "rapport" avec elle, forclusion véhiculée par le sujet-Rebelle.
Celui-ci ne doit pas être pensé comme une instance autonome ou absolue, mais comme une instance elle-même triple générée par la double causalité du Réel et de la maîtrise. Le Sujet-Rebelle transcendantal n'a pas, à lui seul, le statut du penser. D'une part le transcendantal est une fonction du Réel, d'autre part le Sujet est une identité transcendantale, un clone formé de l'essence et du contenu philosophique transformé sous les conditions réelles-transcendantales de l'essence. Ce contenu de pensée (venant de la maîtrise) n'est autre que l'a priori. On n'isole pas le moment transcendantal, faute de quoi la théorie reste un idéal contemplatif.
"Rebelle" ne désigne donc pas le seul moment transcendantal et abstrait : il prend son sens par son contenu d'expérience a priori (l'"Ange").

2004

mardi 13 janvier 2009

REBELLION > Platonisme

Platon, pas plus que tout autre grand philosophe, ne peut résumer à lui seul la-philosophie, soit "l'identité de la philosophie et du philosopher" ; on ne peut pas réduire la philosophie à la seule transcendance (Platon), mais au mélange de celle-ci avec l'immanence. Ramener toute la philosophie au platonisme : symptôme classique du refus grec du judaïque dans la pensée, et donc sous-estimation de la psychanalyse et de la déconstruction, etc.
La "philosophabilité" est cette abstraction initiale et maximale qui permet justement d'abstraire la-Philosophie du platonisme. L'idée de transcendance absolue comme le dualisme gnostique sont relativisés 3 fois : 1) définition de la surmaîtrise comme mélange de transcendance et d'immanence, 2) l'idée de philosophabilité comme caractère auto-englobant de la philosophie 3) la philosophabilité doit être réduite préalablement en-Réel (elle n'est pas une donnée absolue).

2004

REBELLION > Ange

L'Ange participe des multiples figures de la sensibilité transcendantale : étonnement (Aristote), inspiration (Platon), admiration envers Dieu (Descartes), émotion créatrice (Bergson), ivresse dionysiaque (Nietzsche)...
Demandons-nous comment la pensée-Ange, d'inspiration platonicienne, vient au Rebelle.
La non-philosophie traite le problème de la sensibilité, ou plutôt de l'affectivité en distinguant trois instances : 1) l'affect comme affecté-sans-affection, posé axiomatiquement comme le futur, 2) l'affectivité comme corrélation totale et suffisante, de nature philosophique, 3) l'affection comme sujet-existant-affectif, clone de... et pour... l'affectivité.
Trois opérations sont ainsi requises pour la réduction non-philosophique de l'Ange : 1) l'enthousiasme platonicien (l'Ange ou le Peuple) est généralisée en philosophabilité auto-englobante, 2) il est vécu-en-Homme et sa suffisance levée, 3) il doit être déterminé comme Sujet-affection première.
Du point de vue de la gnose, l'Ange non réduit dans son absoluité mais "orienté" par le sujet-Rebelle et "venant à la théorie", devient une arme contre le Monde. Du point de vue de la non-philosophie, l'Ange dé-angélisé ou dé-platonisé est réduit en affect-sans-affection, l'affect (du) Monde comme pure philosophabilité. L'Ange du Monde n'a pas à venir à la théorie mais une théorie future doit venir à lui. L'Ange des gnostiques tombe du Ciel : c'est miracle si l'Ange vient à à la théorie et si le Peuple se fait Rebelle.
La gnose reste décidément néo-platonicienne : Réel, Théorie ou Transcendantal, pensée ou Ange ou Transcendance non-thétique, ceci rappelle la triade de l'Un, de l'Etre ou de l'Intelligible, et de l'Ame.

Il y a une antithétique religieuse de l'Ange, dont tient compte la non-philosophie dans sa lutte avec l'Ange.
Supposons que la gnose use de l'Ange comme messager du Christ, le message se substituant à la croix : l'Ange serait ainsi la séparation du christianisme et de la gnose.
La non-philosophie ne s'oppose pas simplement à l'angélisme ou à son contraire, la "crucifiabilité" ou "cruciformité" ; elle réalise leur théorie unifiée comprenant des aspects christiques et des aspects angéliques, le but étant d'établir l'a priori christo-angélique à la fois unifié et unilatéralisé en-dernière-humanéité, contre la double suffisance déiforme et cruciforme.

2004

REBELLION > Gnose

La non-philosophie est confrontée au retour de la gnose, sous sa forme contemporaine post-marxiste, et à sa question : comment penser la rébellion future ?
Du point de vue de la non-philosophie, la gnose non-religieuse court-circuite une phase nécessaire, celle de son interprétation par la philosophabilité : "avant" même l'illusion religieuse, il s'agit de débusquer l'illusion transcendantale dissimulée dans la philosophie. La religion n'est qu'un cas particulier de la maîtrise, réglée de façon plus complexe et plus globale par la philosophie. User du langage philosophique est donc une nécessité. 
La gnose finit par revenir comme position doctrinale sur le flanc gauche de la non-philosophie, en critiquant celle-ci. Le problème de la rébellion est justement de risquer d'introduire le ressentiment et la réaction dans la lutte contre la maîtrise, alors qu'il faut faire valoir, comme condition même d'une rébellion non-réactive, le (non-)agir de l'Homme-en-personne.

La gnose non-religieuse suppose un Rebelle abstrait, s'ajoutant à la triade constitutive du champ non-philosophique, d'abord parce qu'elle ne pense pas le Réel en immanence mais par transcendance : elle réintroduit dualisme et haine du Monde. 
La gnose pose l'Immanent radical comme altérité au lieu de le poser de manière immanente comme unilatéralité. Elle refuse de voir que le Réel peut "donner" la pensée.
C'est pourquoi en plus de la rigueur qu'impose la découverte non-philosophique du Réel, la gnose non-religieuse se réclame d'un tranchant qu'elle tire de la transcendance platonicienne et du pathos religieux de la division. Par exemple, la gnose désarticule l'identité unilatérale de la théorie et de la pratique, elle en fait une dualité entre théoricisme et pratique.
La contemplation gnostique sous la forme d'un doublet réel-transcendantal se donne des "airs" d'immanence, mais le Rebelle gnostique est un transcendantal métaphysique, dont la genèse est ignorée. La gnose non-religieuse semble une déduction métaphysique plutôt que transcendantale (prenant ses objets dans les mélanges philosophiques de la maîtrise et de la rébellion) de la rébellion. La maîtrise elle-même n'est pas pensée en-Un par le Rebelle (version non-philosophique) mais par l'Ange (philosophe religieux, version théoriste). 
Une simple mention ou allusion "platonique" à la maîtrise ne peut faire émerger le transcendantal. Le clonage explique la genèse du transcendantal à partir du Réel. Or la gnose se donne la religion en court-circuitant son clonage et d'abord son être-donné-en-Réel, du moins tant que la non-philosophie ne se l'est pas appropriée sous la forme d'une théorie unifiée de la philosophie et de la gnose.
Dans la gnose, le Rebelle doublant le Réel ne peut intervenir sur la maîtrise qu'au moyen de l'Ange : argument du 3è homme indéfiniment reconduit, unité transcendante toujours présupposée mais dissimulée dans la suture comme opération même.
En non-philosophie, la Rébellion n'existe qu'en-dernière-utopie, puisque l'Homme et le Rebelle n'ont plus de lieu.
Par l'intermédiaire du Rebelle, l'Homme-Réel met le vide de la possibilité négative au coeur de la maîtrise. L'esprit de lutte fournit au Rebelle la capacité d'utiliser les armes du Maître contre lui ; la maîtrise est non seulement l'occasion mais le matériau de la Rébellion. Bref le Rebelle est transcendantal et non transcendantal et transcendant : dans le théorisme, ce doublet est à l'origine du fameux "tranchant" et de la production des "théorèmes".

2004

REBELLION > Futur

Le "rebelle dans l'âme" possède une force de lutte, qui ne présuppose plus la victoire, mais conçoit la lutte comme un simple présupposé ou un axiome vide qui n'a plus le caractère intuitif de la guerre effective ou engagée.
Il y a un état de la force comme possibilité et c'est la lutte par quoi se définit le Rebelle.
Le Rebelle met en attente la victoire comme future, attente radicale qui a déjà suspendu le Surmaître.
Si le maître vole au-devant de la victoire, le Rebelle vient, futur au-devant du combat et ce n'est pas le même "au-devant". Nous opposons la rébellion radicalement future à l'anticipation de la victoire. Le surmaître s'engage dans la victoire en "y croyant", le Rebelle est engagé dans la lutte à son corps défendant.

2004

mardi 6 janvier 2009

REBELLION > Lutte

Il existe dans le monde un Principe de Rébellion Suffisante, faisant cercle avec la Maîtrise, stipulant qu'on a toujours de bonnes raisons de se rebeller... Qu'elle soit de défense ou d'attaque, au service des forts ou au service des faibles, la lutte a toujours été pensée comme agôn (dirigée contre quelque chose) mais jamais comme telle.
La rébellion la plus universelle est "à cause sans raison" parce que cette cause est immanente. Le mal n'est pas la cause réelle de la lutte humaine mais son occasion ou sa conjoncture. Le marxisme et la gnose justifient la lutte par l'aliénation de l'homme, mais il s'agit d'une lutte elle-même aliénée qui, en cherchant à donner "raison" à la rébellion, méconnaît l'essence inaliénable de l'homme.
Si le phénomène du mal était une cause première et suffisante de la révolte, pourquoi se révolter plutôt que fuir ? La rébellion comme forme universelle de notre rapport au monde ne se réduit pas à un réflexe de défense contre les agressions de ce dernier.
La cause qui détermine transcendantalement la rébellion comme forme a priori de notre rapport au Monde (sans devoir au Monde ses motifs) n'est pas elle-même du Monde. L'Homme-en-personne détermine unilatéralement le Sujet comme existant-en-lutte, et les raisons mondaines de la rébellion n'interviennent qu'à titre de causes occasionnelles.
Dualyser la rébellion revient à combiner une première dualité, en l'occurrence religieuse et philosophique, essentiellement mondaine, avec la détermination humaine en-dernière-identité qui seule transforme la révolte en lutte-de-l'Etranger.
Finalement, voici les trois conditions pour sortir des cercles vicieux philosophiques de l'auto-défense et de l'auto-maîtrise : lutter pour et contre la philosophie (forme du Monde), lutter (pour et contre) plutôt que se rebeller (contre), soumettre unilatéralement le pour et le contre à l'indifférente cause humaine.

2004