mardi 3 mai 2011

NON-MARXISME > Coupure

La coupure épistémologique entre science et idéologie, trop empirique, n'est que le symptôme d'une coupure plus radicale entre théorie unifiée et théorie unitaire. Toute décision non-marxiste en général est le clone d'une coupure épistémologique, dans sa double composante d'évènement singulier et de procès continu. Mais le paradigme (post-moderne) de la coupure, identifiant le Réel à l'Autre, ne convient plus à la pensée uni-latéralisante (selon l'Un), étant lui-même justement unilatéralisé. Cette science transcendantale qu'est le non-marxisme n'a pas seulement pour objet une idéologie (Althusser), elle se présente comme théorie et pragmatique de la pensée-Monde.

NON-MARXISME > Problématique

Le non-marxisme ne peut pas être rabattu sur une problématique de type structurale (Althusser). La problématique est une structure transcendantale absolue de production théorique. Sa constitution propre est celle de la "différence" et son matériau est le "discours". C'est une double articulation, horizontale et verticale : celle du trait différentiel (sémantique ou ontologique) d'abord, comme base quasi-ontologique, puis celle des différentes problématiques hiérarchisées ou emboîtées. La problématique émerge elle-même en tant qu'Autre théorique. La problématique est l'axiomatique du matérialisme historique, censée lui apporter sa philosophabilité. Au contraire, si la théorie unifiée (NM) est la condition de possibilité transcendantale du marxisme, elle n'est pas absolue et n'engendre pas le marxisme, qu'elle transforme seulement. Elle n'est plus l'émergence de la théorie (philosophie) comme Autre, mais celle du non-marxisme comme Un (de) l'Autre.

NON-MARXISME > Axiomatique

Marx et Freud proposent une quasi-théorie unifiée, en substituant à l'approche synthétique des sciences qui caractérise la philosophie, une quasi-axiomatisation transcendantale - car la théorie unifiée est d'abord celle de l'axiomatique scientifique et de l'axiomatique philosophique. "Transcendantal" se dit ici de la théorie en tant que déterminée-en-dernière-instance par le Réel. Tandis que dans le marxisme cette forme semi-axiomatique demeure celle de la thèse ou la "position" (matérialisme oblige) se posant elle-même comme réelle...
Les axiomes non-marxistes se présentent comme des fonctions transcendantales ou des sujets-Etrangers théoriques, tandis les catégories matérialistes restent partiellement intuitives, et donc absolutisées dans la pensée-Monde.
Du prolétariat au sujet-Etranger et du désir de révolution à l'hérésie non-révolutionnaire, l'axiomatique universelle du non-marxisme doit pouvoir interpréter conjoncturellement et traduire l'un dans l'autre tout marxisme passé ou à venir, sans l'appauvrir quantitativement mais en traitant ses axiomes comme autant de symptômes.

NON-MARXISME > Théorie

La mauvaise compréhension du style théorique du marxisme a induit bien des erreurs d'évaluation, des déviations et des effets d'orthodoxie. Chaque déviation, qui provient du surinvestissement d'un aspect, témoigne d'une prétention philosophique à l'englobement.
La théorie unifiée, elle, utilise ses sources comme autant d'aspects unilatéralisés et déterminés par le Réel : la théorie est un clonage producteur d'aspects radicaux ou d'identités uni-latérales. L'aspect n'est pas autre chose que l'Identité de l'hérésie.
Rappelons que l'"infrastructure" au sens non-marxiste comprend dans un ordre strict : l'un-identité, l'uni-versalité (donnant la pensée-Monde), et l'uni-latéralité (faisant de la pensée-Monde une identité). Ainsi chaque source parallèle doit être portée en-dernière-instance aux trois caractères de la base réelle : un-identité, uni-versalité, uni-latéralité - elle y acquiert alors une force d'hérésie.

NON-MARXISME > Théorie unifiée

Si le style du non-marxisme est bien l'universel, le marxisme n'aura été qu'une spécification du non-marxisme. Les théories unifiées (non-marxisme, non-psychanalyse, etc.) sont des organon uni-versels, mais spécifiés régionalement, destinés à transformer les mixtes régionaux-fondamentaux de la pensée-monde. Le programme des théorie unifiées est l'uni-versalisation, non-philosophique et non-encyclopédique, des savoirs existants. Pratiques théoriques, elles usent de la philosophie et des sciences humaines, tout en faisant cesser la guerre entre elles. 
Ce sont des organon transcendantaux plutôt que logiques, produisant une pensée pour le monde, sur la base d'un réel-sans-réalité que la pensée ne peut représenter en aucun cas. Mais ce sont aussi des pensées "à symptômes" découvrant les idéologies, les sciences et les philosophies comme effets du Réel. Marx et Freud sont les symptômes de disciplines distinctes de la science et de la philosophie qui pourront en produire une théorie "unifiée" non totalisante. Le non-marxisme ne dépasse pas le marxisme, et ne le rectifie pas seulement en théorie : il va vers lui, il le découvre en négatif ("non-") tel un effet du Réel. C'est pourquoi le théorique unifié est avant tout performation, pratique déterminée en-dernière-instance par la praxis réelle.
C'est ainsi que le non-marxisme est une théorie unifiée (pratique et théorique) à double-unique aspect théorique (scientifique et philosophique) et à double-unique objet (l'économie et la philosophie comme contenu unifiée de la pensée-monde).

NON-MARXISME > Universalité

L'universel devient le style des disciplines non-philosophiques, tandis que la généralité et la représentation demeurent celui de la philosophie. L'universel s'applique seulement à l'identité radicale, sans la division de la représentation, sans ses modes de généralité et de totalité. L'universel ne va pas de l'expérience vers l'Idée, mais de l'abstrait axiomatique du Réel vers l'expérience, par la voie d'une explication transcendantale et a priori.
C'est ainsi qu'on fait du Matérialisme historique la simple spécification d'une axiomatique uni-verselle. La conjoncture cesse d'être déterminante pour la définition a priori du marxisme, surtout dans son essence universelle. Pas plus que la philosophie elle-même, l'histoire n'est autre chose qu'un simple apport (du point de vue du matériau) et un simple aspect (dans la théorie unifiée) pour la théorie unifiée non-marxiste.

NON-MARXISME > Pratique théorique

Une pensée de la dualité uni-latérale induit un style théorique et pratique nouveau, car l'unilatéral n'est pas autre chose que le noyau réel de la contradiction. Le matérialisme parvient à nommer des dualités unilatérales (MH et MD par exemple), mais c'est pour les réinscrire aussitôt dans un horizon de réciprocité typiquement philosophique, et la dualité bilatérale "revient" à une identité supérieure non avouée. Le style non-marxiste introduit à une radicalité de la pratique, là où le style philosophique reste une technologie transcendantale, et finalement une interprétation. Le couple interprétation/transformation du Monde doit lui-même être unilatéralisé. Le non-marxisme n'est pas révolutionnaire mais rebelle ou, mieux, hérétique, parce que la pratique théorique uni-latérale n'est réductible ni à l'illégalisme ni à la loi. La décision non-marxiste, déterminée par le Réel et vécue par le sujet-Etranger comme une identité-de-dernière-instance, n'engage à aucune intervention pratique dans le Monde : elle est déjà pleinement pratique.