lundi 3 juillet 2023

SUJET, Science, Générique

La logique de notre gnose est celle de l’idempotence, flux immanent minimal qui constitue la science-sujet c’est-à-dire ce que nous appelons par ailleurs la messianité... L’idempotence signifie que le vécu messianique est constant quel que soit le terme qui lui est ajouté comme Autre, car ce terme, de lui être ajouté ou additionné, tombe justement sous cette constante à laquelle il apporte juste un complément, c’est donc la loi d’un excès stérile qui ne détruit pas le Même comme sujet messianique... Le sujet chrétien ou le fidèle entre dans une procédure scientifique et forme avec elle une constante adéquate à son objet, le chrétien n’entre pas dans la science comme sujet au sens classique, il y entre comme sujet chrétien mais désindividualisé ou neutralisé qui peut retrouver une subjectivité générique... La procédure scientifique se constitue ici comme science-sujet en incluant et désindividualisant génériquement le vécu du chrétien potentiel, intéressé par exemple aux religions sans être explicitement « croyant ». Ce vécu doxique est élevé à la dimension de sujet scientifique et non l’inverse, la science n’est pas subjectivée sous condition philosophique, c’est le vécu qui est dé-subjectivé sous condition scientifique... Introduite dans le cercle philosophique de la religion et de la théologie et procédant avec justice, la science-sujet démontre par son existence que le Tout chrétien macroscopique et potentiellement philosophable est une apparence ou une illusion par laquelle il croit avoir pu être le seul titulaire et législateur du vécu... Il n’y a pas de cercle dans le présupposé scientifique de la science-sujet, purement et simplement étranger à la philosophie, avec le discours chrétien et même avec la science théologique comme il y en a un entre le principe d’identité ou la logique générale et le réel. C’est que la superposition n’a jamais été un cercle, à la rigueur une ondulation et même un quart de cercle représentant un « nombre imaginaire » ou « complexe » dont la fonction est tenue ici par le symbole « Christ ». La croyance à une illusion transcendantale présente ici est elle-même une illusion mais cette fois immanentale ou d’un tout autre degré. La philosophie est la seule cause positive de cette croyance à un cercle, la science-sujet n’est que la cause négative de sa manifestation... Il n’y a donc pas de sujet-de-la-science mais une science-sujet vécue génériquement et complétée d’un sujet occasionnel. D’où le concept de ce qu’il faut bien appeler soigneusement « science non-chrétienne » et que le Christ pratique en un sens précis.

LARUELLE, 2014, CF