mardi 11 juillet 2023

MESSIANITÉ, Superposition, Non-commutativité

Nous appelons aussi les sujets messianiques ou les fidèles des « Idemsachants », terme de circonstance qui pourrait valoir des gnostiques. Ils ont d’abord le savoir de la superposition idempotente et de la non-commutativité en général, des deux principes de la pensée quantique qui règlent les rapports entre les paroles du Christ en leur immanence et les énoncés transcendants de la théologie. Ils permettent d’obtenir les oraxiomes qui décrivent et constituent la science christique, qui la « préparent », comme diraient les physiciens à propos de l’expérience de la mesure. 1. Il faut « superposer », au sens quantique de ce mot, d’une part les logia, tous les énoncés sur la Loi et son accomplissement, sur les rapports du Père et du Fils, les innombrables formules de Jésus sur la vie et les vivants, et d’autre part la théologie gréco-judaïque qui en est une interprétation transcendante. L’« addition » de la messianité des paroles christiques et de la théologie doit redonner, à travers le matériau théologique transformé ou axiomatisé, ayant perdu sa portée théologique suffisante, la force messianique des paroles christiques. Le discours théologique est transformé, sa structure philosophique interne pliée au principe d’idempotence...
Pourquoi n’est-ce pas une simple imitation réciproque et spéculaire, une transformation simultanée, pourquoi le Christ fait loi et dans cette opération reste le Même sans se laisser affecter par le discours théologique, pourquoi y a-t-il transformation de la parole judéo-grecque divisée pour être rendue adéquate à la personne du Christ ? Un autre principe accompagne, nous le savons, celui de superposition, lui donne son sens et ses limites, l’explicite dans ses conséquences, assure son être-forclos ou sa défense a priori, c’est celui de la non-commutabilité du Christ et de la philosophie. Il n’y a pas de commutativité entre les paroles du Christ et la théologie judéo-grecque, entre Christ et la philosophie, la croyance et la connaissance de la foi. Il faut comprendre les paroles du Christ de telle sorte qu’il n’y ait pas de réversibilité entre leur effet et la théologie judéo-grecque qui y est suturée. Le « retour » du Christ même sous la forme de son intelligence théologique, car la philosophie ne demande pas autre chose que le cercle, fût-il infini, du réel et du langage, est impossible...
Le discours théologique est apparence objective, le discours oraxiomatique que nous en tirons par superposition est également sans prise sur le réel christique mais il est sous-déterminé par lui... Notre science peut donc être dite une christo-fiction rigoureuse, elle n’est plus imaginaire comme le matériau avec lequel elle est faite.

LARUELLE, CF, 2014