mardi 11 juillet 2023

LOI, Christ, Messianité

Le Christ ne propose pas une autre loi révisant la grecque et la judaïque, mais une loi-événement, une loi générique qui est celle de la superposition et de la non-commutativité. Le Christ est la Loi accomplie comme immanence de la messianité, comme idemmanente. Ce n’est pas une relève de la Loi mais son suspens et sa dépotentialisation en tant qu’elle appartient par idempotence au médiat, au mi-lieu de l’analyse et de la synthèse... Victime de l’apparence religieuse et philosophique, le christianisme aura compris ainsi que la Loi « accomplie » est encore la loi juive ou l’une de ses modalités. Mais la nouvelle pratique est forclose à la loi juive et à la loi grecque, et pour cela peut les transformer sans continuité en un tout autre principe qui est la messianité. Qu’est-ce qui fait la « folie de la Croix » et/ou son « scandale » ? Certainement le fait que des opposés traditionnels entrent dans le Christ en une collision. Mais Paul propose à l’homme une combinaison encore bien classique qui porte la trace visible et l’idéal corpusculaire des anciens matériaux, le mélange quasi dialectique d’une loi d’amour universel déjà trop grecque et contemplative, et d’un événement de tombeau vide qui idéalise la crucifixion et la résurrection en un fondement abstrait... La loi de l’amour, à plus forte raison générique, est une loi pratique, non donnée comme un idéal mais qui doit être reçue et exercée comme un ultimatum dans l’agir qui prend le monde comme objet... C’est la Loi comme messianité, la loi de la foi et non de la croyance, la loi de l’amour générique qui n’est pas la confusion indifférente ou l’égalité de l’universalisme.

LARUELLE, CF, 2014