mardi 11 juillet 2023

CHRIST, Unilatéralité, Sujet

Admettons cette formule "Dieu fait homme", que veut dire « fait » ici ? Croire que Dieu s’est métamorphosé et a décidé de revêtir forme humaine est à l’origine des anthropomorphismes et des théologismes trinitaires de l’Église, de ses apories dont témoignent les hérésies intra-chrétiennes, mais aussi d’une bonne part des philosophies ou christologies dialectiques modernes en marge du christianisme. Elle signifie plutôt qu’il y a un « devenir » immanent du Christ comme sujet, plus rigoureusement une sous-venue des deux Lois religieuses à la généricité de la science comme vécue – à la science-sujet comme vraie science et vrai sujet. Le Christ est une procédure scientifique qui a trouvé un usage vécu. Plutôt qu’il ne devient, le Messie vient mais il ne vient pas du ciel ou de la terre, il « sous-vient » comme générique et n’a donc pas de lieu dans le monde justement parce qu’il a le monde pour « objet » complémentaire à transformer. Être « fait » n’est ici ni émanation ni procession, ni leur milieu ou leur synthèse, le Christ (et chaque fidèle avec lui) se dit au duel. Le fidèle est une dualité illocalisable prise dans l’immanence, dualité d’une conjugaison ou d’une complémentarité. Il est dualité unilatérale comme procédure d’idempotence c’est-à-dire d’un excès indivisible du Même dans le Même d’une part et comme matérialité d’un vécu d’autre part.

LARUELLE, 2014, CF