mardi 11 juillet 2023

NON-COMMUTATIVITÉ, Unilatéralité, Loi

La non-commutativité est décisive pour expliquer la possibilité de l’idempotence christique et la réduction immanentale du religieux. Elle impose le caractère d’avant-priorité à cette réduction et protège le Christ de tout retour dans une théologie première réglée une fois de plus et organisée autour de la transcendance de Dieu. La science christique n’est pas un canon, mais à la rigueur un organon pour la foi. Rien, aucun ordre ne précède le Christ, qui justement n’est pas premier mais « dernière instance » de salut, ultimatum avant-premier... Comme principe et non simple loi, la non-commutativité revient à mettre l’irréversibilité au cœur du commencement et de la priorité plutôt qu’au long d’une séquence temporelle qui la ré-envelopperait de son cercle. Insérée dans la priorité, elle dédouble d’avec celle-ci, sans en créer un doublet philosophique et spéculaire... La non-commutativité achève de déterminer la messianité comme onde unifaciale ou jet orienté-unilatéral... L’unilatéralité du « Très-Hautre » judaïque apparaît maintenant pour ce qu’elle est réellement c’est-à-dire génériquement, un symptôme ou une occasion de la non-commutativité ou de la complémentarité messianique. Le générique est le nouveau statut de la Loi qui sous-détermine le sujet obéissant qu’elle pré-empte (le concept générique de l’élection) et structure par sa nature scientifique mais non positive. La Loi, dont la proximité était l’acte d’un Dieu trop lointain pour intervenir lui-même auprès des sujets, est concentrée et unilatéralisée entre les principes quantiques et le vécu, imprégnée par l’idempotence et prise de la philosophie ou du monde païen... La superposition linéaire évite matériellement un cercle éventuel de la messianité, la non-commutativité l’évite formellement. Ensemble ils expliquent la géniale émergence de l’événement-Christ et de la création de la science des religions.

LARUELLE, 2014, CF