mardi 18 juillet 2023

MESSIANITÉ, Judaïsme, Trace

Comme tout phénomène de type ondulatoire, la messianité est un ensemble de voies innombrables et indécidables, de chemins possibles aux décours hasardeux, sans traçabilité identifiée ou qui ne laissent de traces qu’après coup, une fois qu’ils ont été détectés ou reçus dans l’élément dit de la « conscience » ou de la croyance... La messianité n’a pas de masque (Nietzsche) ou inversement d’intériorité (Kierkegaard) mais une immanence vectoriale, et n’est pas plus identifiable par les Églises que par les « yeux du monde » Ni le temps ni le lieu ne peuvent être ses paramètres. Il n’y a pas de traçabilité du messie, c’est un grand acquis du judaïsme que le catholicisme surtout a oublié par paganisme. Mais le judaïsme a multiplié et rendu apocryphes les avènements messianiques pour mieux troubler l’attente et la passionner. Lorsque Levinas philosophe la trace, et Derrida à sa suite, il s’agit de ce qu’il en reste comme mémoire et passé éternellement présents dans le moi. Ils ne vont pas au plus solitaire désert de l’âme, désert de l’inconnaissance qui accompagne le savoir que nous sommes et dont la connaissance ne suppose pas une trace préalable par un reste de platonisme.

LARUELLE, CF, 2014