vendredi 28 avril 2023

CHRIST, Dieu, Gnose

"Quel est l’effet le plus général de la reprise gnostique plutôt que d’une répétition philosophique de la gnose, de ses textes et de son histoire, herméneutique qui ne nous préoccupe pas ? C’est une dé-planification non-chrétienne de l’histoire du salut, une insurrection dans les principes mêmes... Il s’agit de la promotion du Fils en cause avant-première ou en « dernière instance » d’une nouvelle histoire qui serait enfin celle des humains, et par conséquent d’un abaissement de la suffisance de Dieu mis à son tour sous condition du Christ. Cette insurrection se fait contre le Principe du Dieu Suffisant ou encore du Principe de Théologie Suffisante... La Résurrection a pour contenu phénoménal une reprise générique, un saut immanent et non l’ancien saut transcendant, et pour corrélat la chute du Dieu de l’Ancien Testament dans l’immanence générique humaine. De macroscopique et tout-puissant qu’il croyait être, c’était sa mythologie monothéiste, il devient ou mieux encore sous-vient comme particulaire, comme Dieu quartiel, réduit au quart négatif de son ancienne omniscience et puissance. Mettre Dieu sous condition déterminante, ce n’est pas le nier purement et simplement, geste aussi court de pensée que le simple refus de la théologie et de la philosophie, c’est se donner une chance d’élever la théologie à ce qu’elle a toujours prétendu être, une science de Dieu traitant celui-ci comme l’objet générique qu’il est. Christ est la révélation pour les humains fidèles et Dieu la révélation de l’objet corrélatif de cette fidélité."

LARUELLE, CF, 2014