mardi 21 octobre 2008

HERESIE > Crime

A côté de la Shoah qui fut le crime inexpiable contre l'altérité d'un peuple, un crime qui a fait trébucher l'histoire, une seconde persécution universelle, mais oubliée celle-ci car transhistorique et peut-être anhistorique, fut perpétrée contre ceux qui revendiquèrent simplement et de tout temps leur identité : ce sont les hérétiques.

La signification universelle de la Shoah pour l'humanité ne fait pas de doute, mais encore faut-il pouvoir arbitrer la guerre entre les différentes conceptions de l'universel. La philosophie et ses catégories, notamment, ne semblent pas comprendre l'affect du malheur et le sentiment d'unicité des juifs, qui revendiquent un universel "autre" ou particulier. Seul le point de vue de l'hérésie permet de reconnaître la pluralité des universels en fonction de l'Identité et de l'universel qui lui appartient.

Les hérétiques sont assassinés parce que ce sont des hommes qui, comme tels, affirment une identité non-négociable. Philosophes, théologiens et historiens ne sont pas prêts de reconnaître cet homicide par excellence (le crime de l'Homme-Un), eux qui statuent sur la définition juridico-morale du "crime contre l'humanité".

On se souvient du crime contre les hérétiques comme le criminel se souvient de son acte, mémoire-symptôme qui entretient bonne et mauvaise conscience indissolublement au nom du Grand Conformisme. Mieux qu'un inconscient collectif, ce crime hors-mémoire relève pourtant d'un savoir indocte commun à tous les hommes : c'est le savoir de la victime (humaine), davantage que la conscience non pacifiée de l'otage (juif).

2002