mardi 7 octobre 2008

ABSOLU > Sujet

Définissons la philosophie comme un ensemble de techniques de pensée ayant pour objet l'Absolu comme veritas transcendantalis.

Qu'entend-on habituellement par "méthode transcendantale" si ce n'est le dépassement de l'étant vers le tout inconditionné de ses conditions a priori, censé constituer son "être" ? C'est cette Totalité unifiée, aussi bien que le schéma sous-jacent du "dépassement-vers-soi" qui, en philosophie, prétendent au titre d'"Absolu".

Qualifions de "totalitaire" une doctrine prêtant à la Totalité une autonomie absolue et plus seulement relative, confondant par conséquent le Tout avec l'Absolu. La pensée gréco-occidentale dans son ensemble est impliquée dans cette conception qui rabat l'Absolu sur la Totalité et le "transcendantal" sur l'opération du "transcender".

Au-delà de l'Etre, pointe l'urgence d'un sujet qui n'aurait plus à expérimenter la totalité du sens en même temps que sa limite relative-absolue, car il s'éprouverait lui-même comme limite d'emblée absolue de cette totalité.

Comment ce qui échappe à l'Etre et au Néant, n'ayant aucune assise ontologique ou idéelle, ne pourrait-il revendiquer l'Absolu ? Entre d'une part le sujet fini (étant) qui, dans l'être, forme une limite relative et exclusive, et d'autre part le sujet infini (Etre) qui se déploie comme limite absolue-relative, on distingue un sujet minoritaire comme Absolu sans rapport avec la Totalité.

C’est cette essence absolue, et non d’abord le rapport à l’Etre ou à l’Objet qui fait de lui un sujet "transcendantal". Ce dernier terme désigne avant tout ce qui n'est qu'absolu, au sens d’une finitude radicale sans aucune distance à soi.

Il existe un sujet affranchi de la forme du "rapport" en général et du rapport à soi en particulier, c'est-à-dire de la subjectivité. Loin de revenir à une vaine tautologie, ce sujet "exprime" le vécu des multiplicités unaires, soit l'expérience intime de l'Absolu. Il s'agit d'une passivité ou d'une impuissance absolue à agir sur soi qui constitue l'essence des multiplicités ou des sujets-sans-subjectivité.

1981