mercredi 29 octobre 2008

HOMME > Sujet

L’homme en tant que sujet fini jouit d’une précession absolue par rapport au monde. Cette finitude, solitude incommensurable, n’est pas un éloignement hors du monde (le sujet par essence n’a pas cette force, ce mouvement), ce serait plutôt le monde qui, contraint de lâcher prise, se détacherait de lui.

L’homme est (le) propre (de) lui-même, il ne se définit pas par quelque propriété transcendante ou même par son « humanité ». L’homme ordinaire est justement sans qualités. Loin de chercher à se « libérer » il ne possède pas même le pouvoir de s’aliéner : son identité (un vécu, une subjectivité sans reste) est bien plus intime et plus précieuse que l’incertaine liberté…

L’homme est au centre, mais au centre (de) lui-même et non au centre du monde : nulle révolution copernicienne, circulaire par définition. Jamais le « centre » n’a été aussi métaphorique, aussi utopique, puisque manifestement l’homme est un non-lieu, un non-être ou un non-sens intentionnel. Est-ce à dire que l’homme n’est rien ? Au contraire, l’homme désigne l’expérience subjective radicale, laquelle détermine en-dernière-instance toute forme d’expérience et de rapport au monde.

Toute l’ « action » du sujet consiste dans une « dualysation » irréversible, non seulement du monde mais des rapports de co-appartenance de l’homme et du monde. Encore cette dualysation est-elle essentiellement théorique puisque, forte de la vision (en) Un qui se contente de faire droit au Réel, elle n’intervient pas directement dans le monde. N’oublions pas que l’homme est seul et sans vis-à-vis, même dans son activité dualysante. C’est un sujet sans objet qui porte sur le monde en général, c’est-à-dire sur des essences (mixtes) et des universaux (les « Autorités »), qui reste minoritaire pour cela même et indiscernable depuis le monde.

1985