mardi 11 janvier 2011

MATERIALISME > Réel

Comme matérialisme le marxisme renvoie la philosophie à l'état de position idéaliste, mais il le fait en la présupposant encore et la rejoignant par son usage de la dialectique. Ses opérations restent philosophiques (et donc idéalistes), même si le présupposé du Réel est acquis face à la transcendance de la superstructure. Mais d'un côté le Réel comme matière ou base immanente n'est pas l'immanence radicale, de l'autre la conscience et la superstructure n'épuisent pas toute transcendance. Le marxisme ne peut donc effectuer la théorie complète de la philosophie, ni objectiver les conditions corolaires d'un capitalisme vraiment universel - d'où son échec face à celui-ci. Explicitons. En non-marxisme, la position matérialiste ne peut être que le symptôme d'une immanence réelle non positionnelle de soi, c'est-à-dire non prélevée sur la positionnalité philosophique. C'est l'immanence de l'identité comme telle et non celle de l'individu concret (vivant, travaillant). Elle conditionne une transcendance large, une aliénation mondaine économico-philosophique, dont la conscience n'est qu'une figure symptomatique réduite : entre deux, intervient une causalité de l'identité réelle dont la "causalité-en-dernière-instance" des marxiste n'est elle-même qu'un symptôme limité. (2000)

NON-MARXISME > Marxisme

Avec le non-marxisme, il ne s'agit pas de proposer une nouvelle interprétation du marxisme ou d'y ajouter un nième amendement ; il s'agit au contraire de retirer au marxisme ses postulats philosophiques, l'appauvrir philosophiquement. La prolétarisation du marxisme n'a pas encore eu lieu, à cause même de ses divers amendements philosophiques. Seule une pratique (théorique) non-marxiste peut nous éviter le cercle (théoriciste) d'un marxisme appliqué à lui-même. Le projet est de mettre en évidence un noyau non-marxiste universel pour le marxisme et à partir de lui, comme matériau, symptôme et modèle. Cette universalisation porte autant sur son objet (le capitalisme et ses conditions philosophiques) que sur lui-même en tant que science et philosophie, ou théorie et pratique. Cet objet, le marxisme lui suppose toujours une certaine universalité, mais liée à l'histoire (le "monde moderne", par ex.) ; le non-marxisme le transforme en Monde au sens le plus universel : il comprend désormais le capitalisme et ses modes de fonctionnement (la contractualité par exemple) plus l'ensemble, structuré en essence, de ses conditions philosophiques. Le capitalisme universel se soutient désormais de l'Idée même de la philosophie. Sa forme de pensée apparaît ensuite comme identiquement scientifique et philosophique. Dans le marxisme cette identité reste dialectique et donc philosophique (y compris sous sa forme maoiste : contradiction principal/secondaire) puisque la philosophie y apparaît deux fois, comme terme de la synthèse et comme synthèse. Tandis que le non-marxisme est une théorie unifiée (et non unitaire) du marxisme et de la philosophie, unifiant les moyens théoriques (scientifiques) et philosophiques depuis une identité réelle comme cause-par-immanence, et sous l'égide d'une logique spécifique non-dialectique : la détermination-en-dernière-instance. (2000)