mardi 11 novembre 2008

MYSTIQUE > Immanence

La mystique décrit traditionnellement une identification de l'âme avec la transcendance, une transcendance vécue en mode d'immanence, voire l'immanence d'une certaine transcendance, mais elle n'est jamais l'expérience d'une immanence vécue comme telle. Au contraire le mystique exclut radicalement la transcendance, il est expérience de l'identité telle quelle, immanence pure et non immanence à quelque chose.

La non-philosophie réduit le mystique à désigner la seule immanence, mais devenue à elle-même sa propre donnée phénoménale ou le Réel même. Le mystique peut donc être dit du Réel en tant qu'Un, distinct de toute effectivité empirico-idéale ou même de toute auto-affection : il est Affecté-sans-affection, Donné-sans-donation, expérience (de) soi irréfléchie se confondant avec la Vision-en-Un. Le mystique n'est pas seulement indifférent au Monde mais à toute représentation (philosophique ou scientifique) du monde, indifférence qui appelle le clonage comme l'Un-Réel appelle le sujet transcendantal pour faire face aux représentations.

La réduction de la transcendance, de son essence extatique et de ses modalités religieuses ne suspend que la mystique et le mysticisme, mais sauve le phénomène qu’est l’expérience mystique, et le fait déployer son universalité au cœur de la pensée, permettant de transformer notre rapport à la philosophie, à la science, à l’art – à la mystique elle-même. L’usage non-philosophique du langage n’aboutit pas à une hénologie négative, la négation ou le suspens du logos n’appartenant plus à l’essence de la cause réelle ou du mystique.

1996, 1998