mardi 11 novembre 2008

JUDAISME > Hérésie

Deux manifestations extrêmes de l'humain, différentes par nature : à l'hérésie appartient l'Identité radicale et immanente avec le clonage qu'elle autorise, à la Shoah se rapporte l'altérité absolue et transcendante avec la mémoire qu'elle suppose.
Les juifs ont conquis une identité et une unilatéralité basées sur la transcendance absolue de l'Autre, c'est pourquoi leur défense reste religieuse et obéit à une logique encore sacrificielle, telle que la victime peut se transformer et bourreau et la paix engendrer la guerre. La persécution adressée à l'Autre et à la différence, comme l'antisémitisme, conserve une forme de réciprocité à une transcendance absolue près.
Les hérétiques ont arraché au Logos le nom de l'humain, ils ont prouvé que d'être sans-essence et sans détermination valait d'être exterminé par un Monde qui certes détruit et viole les valeurs de l'humanité (au nom de l'humanité), mais radicalement ne peut que forclore et nier l'humain comme tel. La persécution adressée à l'Un, à la revendication d'identité radicale, ne s'effectue plus dans le Monde ou dans l'Histoire, car elle vise une altérité elle-même plus radicale (l'Autre que) affectant jusqu'à la pensée-Monde. Les hérétiques ont perdu jusqu'au statut de "créatures" élues ou maudites et ne sont victimes (du Monde) qu'à cause de leur humanité radicale et im-monde.

Il y a donc deux sortes de persécution : l'une est absolue et s'effectue par identification du bourreau ("inhumain") et de la victime ("déshumanisée"), l'autre est radicale et s'explique par une identité humaine (la victime) seulement hallucinable (par le bourreau).
L'Identité hérétique est moins négociable, moins révisable encore que l'altérité juive car elle ne revendique rien, pas même le respect de l'identité ou de la différence.

Contre les juifs, il y eut l'extermination par incendie, le feu transcendant et technologique dont les cendres demeurent pour raviver la mémoire. Contre les hérétiques, ce fut l'extermination par les bûchers, un feu immanent et auto-consumant, anonyme et sans reste.
Le feu symbolise l'auto-performation du Monde quand on n'en retient que la manifestation extérieure, éclat de lumière ou propagation énergétique.
En tant qu'instrumental, le feu incendiaire prétend consommer absolument l'existence physique et sociale (réduire les juifs à l'altérité absolue qu'ils revendiquent), sans toutefois y parvenir, tandis que les victimes des bûchers sont radicalement consumés à cause de leur savoir (ramener les hérétiques à l'inexistence de l'Un) et d'autant mieux oubliés.

2002