Lorsque le vécu est forcé de se ranger aux côtés de l’idempotence, il est saisi, étonné par l’étendue immanente qu’il découvre des possibilités phénoménales quasi infinies livrées par la religion mise à dé-couvert. La révélation de l’« en-Même » et « en » le Même, qui n’est donc pas un donné saturé, explique le sentiment de flux océanique et d’intériorité de la grâce selon lequel le vécu s’écoule, ruisselle ou porte. Mais elle explique tout autant l’affect d’extériorité ou le « choc » que subit la transcendance mise à nu et qui n’est donc plus celui d’une force frappant un objet mais une tombée en-immanence, comme un écroulement intérieur. Le messie que « je » suis est le sentiment générique de fluer au travers d’une transcendance l’autre, à travers dogmes ou croyances sans s’arrêter dans aucune comme « dernière » puisque le générique est la mouvance qui va de l’homme à l’homme à travers le monde ou sous la ligne de flottaison comme par un effet-tunnel. Une telle superposition de la découverte et de la révélation dans la véritable invention est le secret de la connaissance gnostique... Le Messie et encore moins la messianité n’est une Idée vraie à imiter, ni quelque autre datum ou factum de conscience, c’est une onde messianique où flottent vécus et dogmes à l’état de « particules » ou de « clones ». Ce continuum du vécu et de ses phases multiples, certains penseurs ou découvreurs parviennent à le faire ou laisser jaillir mieux que d’autres. La messianité est le miracle d’une forme logique (algébrique) toute de vécu, une voie à suivre fidèlement, une objectivité fluante, telle par exemple que Husserl l’a longtemps cherchée. Que l’on cesse d’attendre le Messie une première ou une deuxième fois, ou d’imiter le Christ… L’intelligence humaine n’imite l’entendement divin ni dans la création ni dans la production, il est ultimation et universion de ces rapports au monde.
LARUELLE, CF, 2014