Pourquoi n’est-ce pas une simple imitation réciproque et spéculaire, une transformation simultanée, pourquoi le Christ fait loi et dans cette opération reste le Même sans se laisser affecter par le discours théologique, pourquoi y a-t-il transformation de la parole judéo-grecque divisée pour être rendue adéquate à la personne du Christ ? Un autre principe accompagne, nous le savons, celui de superposition, lui donne son sens et ses limites, l’explicite dans ses conséquences, assure son être-forclos ou sa défense a priori, c’est celui de la non-commutabilité du Christ et de la philosophie. Il n’y a pas de commutativité entre les paroles du Christ et la théologie judéo-grecque, entre Christ et la philosophie, la croyance et la connaissance de la foi. Il faut comprendre les paroles du Christ de telle sorte qu’il n’y ait pas de réversibilité entre leur effet et la théologie judéo-grecque qui y est suturée. Le « retour » du Christ même sous la forme de son intelligence théologique, car la philosophie ne demande pas autre chose que le cercle, fût-il infini, du réel et du langage, est impossible...
Le discours théologique est apparence objective, le discours oraxiomatique que nous en tirons par superposition est également sans prise sur le réel christique mais il est sous-déterminé par lui... Notre science peut donc être dite une christo-fiction rigoureuse, elle n’est plus imaginaire comme le matériau avec lequel elle est faite.
LARUELLE, CF, 2014