mercredi 19 juillet 2023

FIDÉLITÉ, Messianité, Homme

Dès qu’il est ressaisi et statufié par le religieux, le Christ comme émergence de cette science de salut semble laisser son œuvre en quelque sorte inachevée, ce qui a pu susciter l’espoir ou l’imagination d’un retour, d’un second essai non plus militant mais triomphant. Mais si le fidèle est nécessaire pour rendre intelligible ce savoir qu’il est, c’est aussi en tant qu’il achève par sa fidélité cette science-en-Christ sans la fermer, qu’il somme ces vecteurs sans l’épuiser... Il n’y aura pas de retour ni même de nouveau tournant apocalyptique de l’Histoire, la messianité comprise rigoureusement avec des moyens d’ordre plus scientifique que mythologique épuise une fois chaque fois son essence et ne multiplie ses effets qu’en fonction des occasions. En revanche la science-en-Christ exige que nous n’allions plus au monde que par elle c’est-à-dire par la foi, et sa force est toute de lancée droite et unifrontale... Nous les humains, nous sommes la face unique de la messianité, nous sommes des messies unifaciaux et non des messies individuels fondateurs de secte. C’est à nous les fidèles d’achever ou d’actualiser la messianité, nous sommes les fidèles de-dernière-instance parce que nous sommes agis, sans doute, mais par le non-agir christique. Notre foi est éternelle comme cet agir, elle n’a rien de passager et contingent comme nos croyances.

LARUELLE, 2014, CF