jeudi 6 avril 2023

VIE, Philosophie, Bio-politique

Les philosophes qui ont fait de la vie l’Être et l’essence ont toujours appelé « vie » à la fois le flux, le devenir continu et auto-constituant, et une phase particulière, une coupure de ce flux. Plotin, Hegel, Nietzsche, Bergson, Husserl : la vie est le rayonnement de l’Un et une stase de ce rayonnement ; le devenir des contraires et l’un de ces contraires ; la volonté de puissance et l’un de ses modes ; l’élan vital et l’organisme qui l’enferme sur soi ; le flux de la conscience transcendantale et une détermination psycho-naturelle…. La vie est la simultanéité de l’essence et de l’existence, la matière comme hylé et, en même temps, une coupure ; une condensation, à la fois une abréviation et une extension, une déconcentration, une spatio-temporalisation de cette matière intensive. La philosophie, je ne parle pas ici de la biologie, n’a pas eu d’autres moyens de concevoir l’essence de la vie que par ce schème amphibolique qui s’inscrit dans la grande amphibolie occidentale de l’identité de l’Être et de l’étant, et qui appelle « vie » à la fois la substance des choses et l’un de ses modes. La bio-politique avoue ainsi n’avoir jamais été un projet scientifique. C’est l’ensemble des Rapports de pouvoir qui investissent et désinvestissent continûment l’analyse du vivant.

LARUELLE, 2020, NET