jeudi 6 avril 2023

BIO-POLITIQUE, Vie, Pouvoir

L’explication et la manipulation de l’homme se nouent de façon constante, l’analyse technicienne des corps, qui les rend intelligibles, ne se séparant pas d’une visée de pouvoir, leur manipulation comme automates ne se distinguant pas d’un savoir qu’elle suppose et d’un savoir nouveau qu’elle produit... Cette bio-politique de l’avenir est un mode d’une synthèse plus générale, celle de la matière et de l’Idée ; synthèse d’une hylé en devenir, d’un flux matériel continu qui est l’essence du pouvoir, la puissance même du pouvoir et de la vie. La vie est l’un des « contraires » du pouvoir, mais elle lui est identique ou simultanée. Si bien que l’on peut dire indifféremment que la vie est le flux hylétique sur lequel le pouvoir n’est qu’une coupure, mais aussi que la vie au sens strict est une coupure sur un continuum de pouvoir, qu’avant d’être pouvoir sur les corps vivants il sécrète ou produit continûment des corps simultanément biologiques et politiques, qu’il inscrit la vie et ses effets dans les effets de pouvoir, que les corps ne sont pas des substrats neutres ou indifférents sur lesquels s’édifieraient « en couches » des formes de domination et des qualités institutionnelles. La vie est un moyen pour le pouvoir et réciproquement... C’est l’identification radicale, la simultanéité plutôt dans un agencement « commun », de la nature et de la production, physis et technè, de la vie et de la technique... C’est l’identité d’une simultanéité, un pur devenir, un devenir bio-politique infini des organismes et des institutions qui s’agencent ensemble pour une nouvelle constellation.

LARUELLE, 2020, NET