mardi 24 février 2009

VICTIME > Crime

La Loi mortifère du Monde ou l'Obéissance à une transcendance de type religieuse n'atteint pas la généralité de la spécularité suffisante propre à la philosophie : ainsi divergent, dans leur contestation de la maîtrise, la gnose non-religieuse et la non-philosophie.
Les êtres humains sont victimisables à proportion qu'ils sont philosophables - et la victimisabilité est à la victimisation ce que la philosophabilité est à la philosophie.
La croyance au Tout-crime ou au crime-Monde relève elle-même de la pensée-Monde, elle occulte (en plaçant le crime à sa place) la teneur en humanéité réelle de la victime individuelle, son identité humaine radicale. La victime vient s'identifier au crime et entre dans un cercle infernal avec son persécuteur. Le crime est un concept qui se survole lui-même, de même que la victime se survole comme persécuteur potentiel. Faute de pouvoir produire les déterminations réellement universelles du crime (justement un présupposé réel), la philosophie revendique un crime exemplaire et fondateur dont elle fait un absolu.
La justice passe par une dualité unilatérale entre la Victime-en-personne et le cercle unitaire du tout-crime (crime-criminel-victime).
Importe évidemment la victime concrète et en-monde en tant que symptôme de l'Homme-en-personne. La victime symptômale (mais non exemplaire) ne fait l'objet d'aucun "devoir de mémoire" car elle passe toute mémoire : c'est l'hérétique inconnu, l'Ange inhommé, le sans-Monde.
L'Ange est, comme sujet déterminé-en-dernière-Humanéité (et certainement comme divin), le sujet victimisable par définition ; le genre humain est le persécuteur de l'Ange comme sujet.
La victime est persécutée pour cause d'identité humaine, celle qui peut être posée comme ultimatum à la philosophie et à la religion, mais non pensable par elles.

2004