mardi 3 février 2009

SUJET > Antinomie

Suite à Descartes qui le premier concéda au Sujet une autonomie principielle, la philosophie moderne et contemporaine s'est constituée dans sa quasi-totalité comme une vaste "antinomie du sujet philosophique", voire comme sa "dialectique transcendantale" généralisée. S'affrontent (et souvent se mélangent selon des modalités variées et complexes) une théorie du sujet à tendance scientifique, objectivante ou disséminatrice (jusqu'à Lacan, Althusser), et une philosophie du sujet mettant plutôt en exergue l'immanence de l'Ego (comme Husserl, Henry). 
Se présentant comme théorie du sujet en tant que sujet (donc comme théorie transcendantale), la non-philosophie se donne cette antinomie et la résout par son explication a priori, sans la discuter ni prendre parti, en adoptant une posture identiquement scientifique et philosophique ou encore identiquement théorique et pragmatique.

En réalité les philosophies post-cartésiennes ne parviennent à penser ni l'Ego ni le sujet dans leur identité respective (réelle puis transcendantale), car l'Ego se trouve toujours en position d'objet (sa priorité n'est alors que supposée) par rapport à un sujet qui le vise en le prédéterminant de sa structure (réflexive, noético-noématique, etc.). L'Ego reste ignoré dans son identité et son immanence de réel tant que sa nature amphibologique reproduit la confusion de l'être et de la pensée, voire plus généralement celle de l'Ego et de la philosophie (fût-elle de style égologique). L'amphibologie de l'Ego et du sujet constitue la Modernité même, le principe d'une auto-référence devant sans cesse répondre d'elle-même. Elle devient désormais l'objet d'une théorie unifiée.

La théorie non-cartésienne et non-philosophique du sujet commence donc par se donner un Ego réel-sans sujet et répartit différemment les trois termes Ego-sujet-être. C'est une science transcendantale au sens où elle ne porte pas directement sur les objets à connaître (ici, les "philosophies du sujet") mais sur les conditions de leur connaissance a priori. Une théorie unifiée suppose quatre conditions : 1) une cause de la théorie dans les termes du réel-Un ou de l'Ego , 2) un matériau, en l'espèce les philosophies du sujet, 3) un organon universel, d'où se déduiront les structures a priori, 4) les opérations de ce sujet transcendantal par lesquelles il accède au matériau philosophique.

1996