jeudi 18 mai 2023

CHRIST, Quantique, Foi

Si le Christ inaugure une science des humains en tant que soumis au monde plutôt qu’à l’Être, alors il faut aller le plus loin possible dans la science actuelle la plus novatrice des rapports de l’homme et du monde, et recourir pour ce nouvel élan à la physique quantique... Voilà pourquoi le Christ sera traité comme une « constante christique », la foi comme un « quantum de foi » et les procédures théoriques mises en œuvre comme des principes quantiques mathématiquement allégés dont les deux principaux, évidemment intriqués, sont la superposition caractéristique des phénomènes ondulatoires, et la non-commutativité décelable plutôt sur les phénomènes particulaires... La foi radicale est en première apparence concevable comme un acte de superposition de type quantique et s’oppose point par point à l’identification de la croyance qui veut toujours l’absolu. Le quantum de foi est une sorte de non-agir comme non-réagir au monde mais capable d’agir en transformant le monde sans donc le créer. Corrélativement à l’irruption de la foi, il faudra abandonner le modèle non pas seulement « objectivant », mais philosophique ou théologique, de la création et ce qu’il en reste dans le modèle opposé et spéculaire de sa contemplation idéaliste ou matérialiste, pour le modèle générique de sa transformation. La foi radicale, la fidélité-de-dernière-instance permise aux humains a un effet immanent qui est seulement la transformation générique du monde (plutôt que sa « production », Marx).

LARUELLE, 2014, CF