mardi 6 janvier 2009

REBELLION > Lutte

Il existe dans le monde un Principe de Rébellion Suffisante, faisant cercle avec la Maîtrise, stipulant qu'on a toujours de bonnes raisons de se rebeller... Qu'elle soit de défense ou d'attaque, au service des forts ou au service des faibles, la lutte a toujours été pensée comme agôn (dirigée contre quelque chose) mais jamais comme telle.
La rébellion la plus universelle est "à cause sans raison" parce que cette cause est immanente. Le mal n'est pas la cause réelle de la lutte humaine mais son occasion ou sa conjoncture. Le marxisme et la gnose justifient la lutte par l'aliénation de l'homme, mais il s'agit d'une lutte elle-même aliénée qui, en cherchant à donner "raison" à la rébellion, méconnaît l'essence inaliénable de l'homme.
Si le phénomène du mal était une cause première et suffisante de la révolte, pourquoi se révolter plutôt que fuir ? La rébellion comme forme universelle de notre rapport au monde ne se réduit pas à un réflexe de défense contre les agressions de ce dernier.
La cause qui détermine transcendantalement la rébellion comme forme a priori de notre rapport au Monde (sans devoir au Monde ses motifs) n'est pas elle-même du Monde. L'Homme-en-personne détermine unilatéralement le Sujet comme existant-en-lutte, et les raisons mondaines de la rébellion n'interviennent qu'à titre de causes occasionnelles.
Dualyser la rébellion revient à combiner une première dualité, en l'occurrence religieuse et philosophique, essentiellement mondaine, avec la détermination humaine en-dernière-identité qui seule transforme la révolte en lutte-de-l'Etranger.
Finalement, voici les trois conditions pour sortir des cercles vicieux philosophiques de l'auto-défense et de l'auto-maîtrise : lutter pour et contre la philosophie (forme du Monde), lutter (pour et contre) plutôt que se rebeller (contre), soumettre unilatéralement le pour et le contre à l'indifférente cause humaine.

2004