vendredi 23 décembre 2011

THEORIE QUANTIQUE > Philosophie

Référence quantique oblige, la Matrice générique doit être vue comme un collisionneur de pensées. La philosophie a toujours déjà pratiqué une forme de fusion « idéaliste » de type corpusculaire, c’est-à-dire soumettant la fusion nécessaire du corpusculaire et de l’ondulatoire au premier de ces termes. C’est ainsi qu’elle voit et qu’elle organise sa propre gravitation conceptuelle, alors que nous devons lui proposer un modèle plutôt ondulatoire, où l’onde et la corpuscule se distribuent inégalement en la seule onde. 

C’est bien ce que propose justement la pensée générique, dans la mesure où elle traite la philosophie et la quantique l’une par l’autre, comme deux variables distinctes sans espoir de synthèse. Il s’agit de soumettre la philosophie – laquelle prétend traditionnellement réaliser l’unité – non seulement à cette dualité sans synthèse avec la science, mais également à la science comme « dernière-détermination ». Pour faire agir la science (ici la physique) sur la philosophie sans qu’elle en fasse pour autant son « objet », il faut en extraire un noyau conceptuel et rationnel susceptible d’opérer discursivement sur et dans la philosophie, afin de la transformer. Cette extraction/généralisation par rapport aux objets et outils propres de cette science (par exemple les mathématiques) n’est pas de nature épistémologique et donc encore philosophique, elle témoigne de la puissance même du générique ou de la pensée « ordinaire ». 

En combinant certaines procédures d’ordre quantique et des raisonnements (ou questionnements) plutôt philosophiques, la matrice générique ne fonctionne pas du tout comme une machine mécanique ou algorithmique, un ordinateur qui se contenterait de reproduire des savoirs, elle devient le premier collisionneur de particules élémentaires de savoir, dans une vraie dynamique d’invention et de production de connaissances, mais évidemment - étant donné leur nature hybride et « fluante » - des connaissances elles-mêmes non-reproductibles. Car les catégories, problèmes ou raisonnement que les philosophes ont jusqu’ici traités à la manière corpusculaire comme de vagues entités, sont redistribuées dans l’espace inédit des flux et particules « élémentaires » de savoirs, eux-mêmes totalement irreprésentables dans le champ habituel de l’« expérience philosophique » (l’existence, le désir, la connaissance, la cité, etc.). 

Cela peut faire penser à une sorte de « philosophie imaginaire » qui certes ne serait pas sans précédents. Mais ici, plus rigoureusement, nous traçons la possibilité réelle d’une « philosophie-fiction » sous la condition d'être d'abord une « science-phiction ».