lundi 13 juin 2011

PRATIQUE > Non-Marxisme

A la pratique-division (Hegel), le marxisme a tenté de substituer la pratique-différence (Althusser) : primauté du Réel sur la pratique (celle-ci déterminée en-dernière-instance par celui-là), et primauté de la pratique sur la théorie.
Mais l'action révolutionnaire a tendance à conserver la philosophie dans le sujet-action, même quand elle fait mine de l'évincer : c'est toujours l'immanence philosophique à l'œuvre. Le marxisme a toujours combiné un matérialisme contemplatif (déterminant) à un idéalisme pratique (transformant). Le non-marxisme substitue à ce couple celui d'une détermination (par le) Réel (comme identité) et d'une transformation du Monde (lui-même plutôt que ses représentations).
Marx enferme la pratique dans une ontologie de l'actualité et de l'effectivité. Même lorsque la pratique marxiste se veut immanente et "performante", elle reste prise dans un procès dialectique ou "mouvement réel" et "état de choses" sont convertibles. En non-marxisme, la pratique "en soi" n'a pas d'autre terrain que l'en-infrastructure qui la détermine, de sorte que "pratique" se dit proprement de la nouvelle dualité uni-latérale de la "matière" et de la pratique, ou de pratique et de la théorie. Dans la pratique comprise comme syntaxe selon-le-Réel (l'uni-latéralité elle-même), s'unifient en-dernière-instance la théorie et la pragmatique. En-pratique, et selon la structure même de la détermination-en-dernière-instance, le sujet est identiquement théorique et pragmatique. L'essence pratique de la dialectique est la dualité uni-latérale : celle-ci manifeste l'identité (de) côté du côté dialectique. La contradiction ne s'explique pas génétiquement (sauf auto-position idéaliste), pas plus qu'elle ne va dialectiquement vers une solution : elle reçoit une explication théorico-pragmatique sous la forme (d'essence pratique) de la dualité unilatérale.

Il faut distinguer uni-latéralement la praxis (le Performé-sans-performation) et la pratique proprement dite, la première étant la cause négative, nécessaire mais non suffisante, qui détermine la seconde comme performation. Par exemple chez Althusser la pratique se constitue d'éléments divisant l'immanence, à défaut d'être déterminés par elle. Dans le marxisme, la force de travail est donnée technologiquement au même titre que les moyens de production, alors qu'elle est l'organon simple de l'infrastructure. Au final, les pratiques différentielles théorisées par Althusser ne font droit ni à l'autonomie relative de chaque pratique, ni à leur multiplicité ouverte de droit. Au contraire le non-marxisme distingue la praxis comme oeuvre immanente de l'infrastructure réelle, et sa fonction pratique auprès des processus technologiques. En tant que pratique, le non-marxisme met en oeuvre une transformation du processus-monde.
La pratique non-marxiste n'est rien d'autre que la dualyse des différents ordres de réalité : le Réel ou l'infrastructure, la pratique comme sujet, et l'effectivité du Capital-Monde.
Quelle performation, quelle transformation ? Le non-marxisme transforme les conflits sociaux effectifs en symptômes ou modèles, tout en relativisant la consistance du Capital-Monde (et pas seulement de l'"idéologie"). Transformer le problème de la sortie hors de la philosophie en pratique non-philosophique, changer le révolutionnaire en sujet hérétique.

2000