jeudi 12 août 2010

MATERIALISME > Générique

Le Deux en tant que rapporté à la multiplicité de l'expérience constitue déjà une base générique (a priori, mais non transcendantale) pour la philosophie, même si dans sa démarche avant tout auto-réflexive, elle la réduit à une fonction secondaire. Seul le matérialisme gnoséologique reconnaît l'importance de cette base : primat du Deux dans l'ordre de la connaissance, soumis toutefois au primat de l'Un de la matière.
L'un des pièges du matérialisme, dans la mesure où il vise aussi le générique, est de le confondre avec un spécifique supposé fondamental, et donc de ne pouvoir se passer d'ontologie.
Le matérialisme prélève son "générique" sur des classes ou des ensembles pré-formées, ou des modèles quasi-organiques (les "machines désirantes" par exemple) qu'il reverse immanquablement dans le Tout philosophique (le "Désir", etc.). Le matérialisme assume pleinement les ambitions et la suffisance de la philosophie, mais en se positionnant depuis une dualité quasi-unilatérale (transcendante et donc réversible). Tandis que le générique non-philosophique dispose de nouvelles frontières, qui ne sont plus faites de sutures mais de dualités unilatérales ou de clonages. Une science générique doit éviter en priorité toute forme de suture à l'ontologie (fût-elle mathématique), elle ne détermine qu'indirectement, et sur la base d'une forclusion radicale, la suture entre le générique et la transcendance philosophique.

2008