jeudi 21 mai 2009

RECHERCHE > Monde

Le devenir-monde est une forme d'économie générale sacrifiant l'identité et la dualité radicales au profit d'une fausse immanence qui est domination de l'autre obtenue à partir d'une division de soi (une partie étant incluse dans l'immanence, l'autre la constituant transcendantalement).
Dans son devenir-monde la recherche a fini par s'affranchir des idéaux de la science mais pas de l'idéologie ni des contraintes du marché : l'auto-évaluation se met systématiquement au service de la production d'une plus-value de connaissance, de nature capitaliste et plus profondément philosophique.
Le devenir-capitalisme du monde s'accompagne d'un devenir-philosophie du monde, deux formes de mondialisation intimement liées. Certes la pulsion philosophique au devenir-monde est souvent niée par la philosophie elle-même…
La recherche n’est plus déterminée librement par le chercheur comme personne, c’est le chercheur comme « technicien » qui est déterminé par la recherche. Mais si le technicien-chercheur n’est plus un « savant » au sens classiquement philosophique du terme, il évolue encore dans un monde largement philosophique dont il partage les valeurs libérales.
De fait, à l'heure de la philosophie faite-monde, l'économie mondialisée de la recherche entraîne un nouveau mode d'être du chercheur sous le signe du harcèlement. Les chercheurs sont assujettis au contrôle libéral-capitaliste de la science, ce qui veut dire que la recherche-monde est une activité concurrentielle concourrant à la guerre globale.
La recherche d'entreprise devenue paradigme génère de nouvelles entités disciplinaires, de nouvelles mobilités et des finalités multiples, toujours provisoires. De son côté la recherche fondamentale perdure mais, n’ayant plus de paradigmes, avance en ordre dispersé : telle est la loi de la recherche-monde.
L'émergence des « sciences génériques » et de l’interdisciplinarité est un autre symptôme de la mondialisation de la recherche.

2008