lundi 11 juillet 2011

MATERIALISME > Marxisme

Le marxisme est un genre philosophique, enfant du platonisme plutôt que de l'aristotélisme. En effet le matérialisme ne s'intéresse pas à l'étant particulier et n'opère pas de transcendance méta-physique (extatico-horizontale), règne de la réflexion et de la réciprocité ; il se place d'emblée au niveau de l'Etre, en l'occurrence la Matière qui fait figure ici d'Intelligible. Au niveau de la transcendance extatico-verticale, quasi-unilatérale, le matérialisme inverse le primat des instances allant désormais de l'Etre-Matière vers l'Un-Pensée. L'Un-Autre platonicien devient synonyme de conscience et d'idéologie.

La dyade fondatrice du matérialisme n'est pas méta-physique mais épékeina-physique, sous la forme d'une inversion de la dualité Multiple ou Matière / Un en dualité Réel / Représentation. Il n'y a pas seulement inversion des primautés, mais unilatéralisation et fixation partielle de la réciprocation par la "base" matérielle.

Pour autant la coupure matérialiste est une variante de la décision philosophique. Les conditions philosophiques du matérialisme sont 1) celles de la philosophie en général comme idéalisme ou platonisme, 2) celle d'une coupure ("matérialiste") exercée par la philosophie sur elle-même, refoulante d'un idéalisme partiel. Le matérialisme, prisonnier de la transcendance, est incapable de penser l'Un-en-Un ou l'immanence radicale. Le matérialisme marxiste peut bien se présenter comme un "platonisme du Réel", il n'est pas encore suffisamment immergé dans le Réel pour pouvoir se passer de la foi philosophique. Seule une non-philosophie permet de retrouver les prémisses (non-platoniciennes) du marxisme dans l'Un et la Détermination-en-dernière-instance. (2000)