jeudi 1 octobre 2009

HOMME > Etranger

L’essence de l’homme est le Réel comme immanence radicale (Moi-en-Moi). L’identité indivise de l’homme prend racine dans cette expérience (de) soi immanente.

Un tel homme n’est plus partagé entre un Moi et un Autre, il n'a pas besoin de refouler celui-ci et d’intérioriser celui-là. D’abord réellement et seulement Moi-en-Moi, il existe aussi bien selon une structure où il ne cesse pas (d’être) soi mais comme un Etranger. On appelle premièrement Ego-en-Ego ce vécu immanent en tant qu’Un, et deuxièmement Sujet-Etranger cette forme transcendantale d’existence. Sous sa forme sujet, donc, l’Homme existe-Etranger.

Tout Un chacun est aussi bien un Etranger : ceci est la formule humainement adéquate de la démocratie, plutôt que l’ambiguë et trop consensuelle « nous sommes tous des étrangers ». C’est en tant qu’Etrangers que nous sommes égaux ; les Etrangers sont la clef de la démocratie.

C’est parce que l’Homme n’existe littéralement qu’à l’état d’Etranger et de Multiple que les Multitudes humaines forment d’emblée une communauté d’Etrangers. L’Ego se présente ou se reflète non spéculairement sous la forme d’une structure d’Humanité universelle, un espace abstrait illimité ouvert sur l’Etranger.

L’Ego n’est surtout pas la « représentation » de soi-même de l’Ego, il ne se détermine pas par son cogito. En revanche l’Etranger, dont la cause réelle est l’Ego, ne se distingue pas de la Théorie de l’Etranger. Le mode d’exister de l’Homme comme Etranger est le Sujet (de la) Théorie, soit phénoménalement une structure transcendantale d’Humanité (non-auto-positionnelle) et théoriquement un ensemble d’axiomes humains formulés à partir du matériau mixte de la philosophie et des sciences humaines.

1995